C’est un coup de semonce tout sauf anodin. Le Baku International Policy and Security Network (BIPSN) vient de dégainer une nouvelle offensive stratégique en annonçant le lancement d’un projet d’envergure : « Analyse des menaces hybrides et idéologiques contre l’Azerbaïdjan ». Une initiative calibrée sur quatre mois, mise sur orbite avec l’appui des grandes structures étatiques azéries et l’implication directe d’un aréopage d’experts internationaux. Une riposte pensée, articulée, et surtout assumée.
L’objectif ? Ni plus ni moins qu’une déconstruction méthodique des campagnes de déstabilisation menées contre Bakou. Qu’il s’agisse de manipulations psychologiques, de récits médiatiques biaisés ou d’attaques idéologiques larvées, le projet vise à cartographier, analyser et désamorcer ces offensives qui grignotent peu à peu la souveraineté, l’image et les intérêts géostratégiques du pays.
Au cœur du dispositif, une logique de synergie. Le BIPSN s’active pour mettre en réseau les acteurs publics, les think tanks, les ambassades, les ONG et les médias — un travail de fourmi pour coordonner l’intelligence analytique, mutualiser les ressources et structurer une base de données partagée. Plusieurs rencontres sont prévues dans la capitale azérie avec des têtes pensantes du milieu diplomatique et stratégique. La feuille de route : homogénéiser les réponses, créer un noyau dur d’analyse, et mettre en place un dispositif d’alerte précoce face aux nouvelles formes de guerre hybride.
Sur le terrain, le projet s’appuie sur une triple mécanique de veille :
Un : collecte de données brutes. On archive, on documente, on répertorie les campagnes de désinformation : fake news sur les réseaux, récits anxiogènes dans la presse, rapports d’ONG à la rhétorique orientée — tout y passe.
Deux : analyse granulaire des flux toxiques. Chaque attaque est disséquée selon sa source, son canal de diffusion, sa cible et l’impact potentiel sur les perceptions locales ou internationales.
Trois : validation par les pairs. Des panels d’experts, azéris comme étrangers, pondent des notes, livrent des recommandations, et alimentent les débats entre décideurs. Objectif : transformer les constats en outils d’action stratégique.
Ce n’est pas un colloque de plus. Entre fin mai et août 2025, dix événements sont prévus : cinq en présentiel à Bakou, cinq en distanciel avec une brochette d’invités internationaux. En parallèle, des campagnes d’influence sur les réseaux, des tribunes dans la presse spécialisée, des interventions d’experts dans les médias, et surtout — un engagement ciblé de la jeunesse, du monde universitaire, des ONG et des cercles de réflexion.
Le clou du spectacle ? Un forum final à Paris. Symbole fort, presque un pied de nez : c’est dans la capitale française, épicentre d’un narratif hostile ces dernières années, que le BIPSN entend clore son initiative. Pas pour faire la morale — pour ouvrir un vrai bras de fer intellectuel. Face à ceux qui alimentent ou relaient les menaces, Bakou veut opposer un front rationnel, ouvert, documenté. Ce forum marquera l’aboutissement d’un projet approuvé dans le cadre d’un concours organisé par l’Agence de soutien public aux organisations non gouvernementales de la République d’Azerbaïdjan, et mis en œuvre grâce au financement alloué par ladite Agence.
Le message est clair : ce projet n’est pas une rustine diplomatique. C’est une stratégie proactive, une montée en gamme dans la doctrine azérie de sécurité informationnelle. Une manière de dire que désormais, le narratif se joue aussi au niveau des neurones. Ni rideau de fumée, ni bunker idéologique. Juste un pivot assumé vers une diplomatie de la transparence, appuyée sur des faits, des alliances internationales solides, et une lecture stratégique de long terme.
Tables rondes, visio-débats, ponts vidéo, joutes d’experts — l’arsenal est au complet. Et les publications, elles, trouveront leur place dans des titres à forte portée comme La Gazette du Caucase, Das Fazit, Central Europe Report, Yeni Şafak et d’autres plateformes où l’analyse ne se contente pas d’effleurer la surface.
Le BIPSN ne fait pas dans l’impro. Il propose un modèle institutionnel complet, pensé pour inverser les rapports de force dans la guerre de l’information. Un changement de paradigme, où l’on ne subit plus — on contre-attaque. À l’heure où les bombes sont devenues narratives, l’Azerbaïdjan choisit l’offensive cognitive.