...

Le compte à rebours est lancé. Dans moins d’une semaine, le monde pourrait assister à l’un des tête-à-tête diplomatiques les plus décisifs depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Le 15 août, Donald Trump et Vladimir Poutine s’assiéront à la même table… en Alaska. Ce ne sera pas seulement leur premier échange direct depuis le retour de Trump à la Maison Blanche et depuis l’offensive russe — ce sera surtout le signal que Washington est prêt à troquer la rhétorique musclée et les sanctions pour une négociation au corps à corps sur les conditions d’une paix.

Le choix du décor ne doit rien au hasard. L’Alaska n’est pas seulement l’État américain le plus proche de la Russie, séparé d’elle par l’étroit détroit de Béring. C’est aussi un ancien territoire russe, cédé à Washington en 1867. Pour le Kremlin, un rappel piquant d’un héritage perdu ; pour la Maison Blanche, une démonstration de proximité géographique qui autorise les affaires en direct, sans filtre ni intermédiaire. Le conseiller de Poutine, Iouri Ouchakov, a parlé d’un choix « logique ». Logique, certes, mais qui va plus loin qu’un simple vol au-dessus du détroit : l’Alaska entérine le fait que le sommet se tient sur sol américain, sous houlette américaine, avec un format qui place Washington en hôte maître du jeu.

Quant au menu des discussions, Trump ne s’est pas embarrassé de détours : deux points au programme — un cessez-le-feu en Ukraine et un « échange de territoires ». Rien que l’expression a de quoi faire exploser les compteurs de tension. D’après des indiscrétions du Wall Street Journal, il serait question d’un deal : Poutine gèlerait les combats en échange d’une reconnaissance du contrôle russe sur le Donbass et Louhansk. Inenvisageable pour Kiev, qui a déjà répondu par la voix de Volodymyr Zelensky : « Les Ukrainiens ne feront pas cadeau de leurs terres à l’occupant. » Mais pour Trump, dont l’instinct reste celui d’un négociateur en quête du coup de théâtre, l’occasion de brandir « l’accord du siècle » vaut tous les paris politiques.

Le contexte rend l’affaire encore plus savoureuse. Le 8 août expirait l’ultimatum lancé par Trump à Poutine : accepter un cessez-le-feu ou s’exposer à des sanctions secondaires visant tous les acheteurs de pétrole russe. Le ton était sec, tranchant. Mais après la visite à Moscou de son émissaire spécial, Steve Witkoff, la Maison Blanche a cessé de brandir la menace. Place désormais aux promesses d’une rencontre au sommet. De quoi nourrir l’impression que Washington a volontairement baissé le volume pour privilégier le contact direct entre dirigeants.

En Europe, on garde les applaudissements pour plus tard. Dans la soirée du 10 août, les chefs d’État et de gouvernement de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de l’Italie, de la Pologne et de la Finlande, rejoints par la présidente de la Commission européenne, ont signé une déclaration commune : pas de discussions sur l’avenir de l’Ukraine sans Kiev à la table, et uniquement après un cessez-le-feu. Mieux encore, ils martèlent que la modification des frontières reconnues par la communauté internationale par la force est inacceptable. Et même si le texte salue « les efforts du président Trump » pour ramener la paix, il avertit : sans garanties solides de sécurité et sans implication directe de l’Ukraine, tout accord ne sera qu’un chiffon de papier.

C’est toute l’ambiguïté de l’opération. Trump rêve de se poser en faiseur de paix là où ni Biden, ni Macron, ni Scholz n’ont réussi. Mais la ligne est ténue entre l’image du médiateur qui arrête la guerre et celle du président américain qui brade les intérêts ukrainiens pour un résultat rapide. Déjà, certaines capitales européennes craignent que le sommet de l’Alaska ne soit que le prologue d’un marché où Kiev ferait figure de monnaie d’échange.

Ce que Poutine espère tirer de son tête-à-tête avec Trump

Donald Trump a donné son feu vert : le président américain rencontrera Vladimir Poutine, vendredi prochain, en Alaska, pour parler de la fin de la guerre en Ukraine. Une annonce qui met un terme à près de sept mois d’un jeu diplomatique feutré entre Moscou et Washington, chacun testant l’autre sur l’opportunité d’un sommet consacré au règlement du conflit.

Le décor choisi n’est pas anodin : l’Alaska, rachetée par les États-Unis à l’Empire russe en 1867 pour 7,2 millions de dollars, à une époque où le tsar Alexandre II croulait sous les dettes militaires. Le simple fait que le président américain accepte de s’asseoir en face de Poutine, depuis 2022 persona non grata en Occident pour les centaines de milliers de morts et les destructions massives provoquées par son offensive, constitue déjà en soi un succès diplomatique pour le Kremlin.

Pourtant, l’absence de toute représentation ukrainienne à la table des discussions réduit considérablement les chances d’un véritable tournant. Samedi, Volodymyr Zelensky a balayé l’idée d’une cession de territoires après que Trump eut évoqué la possibilité d’un « échange » dans le cadre d’un accord. Craignant d’être marginalisés, des dirigeants européens et ukrainiens se sont réunis, hors de Londres, avec de hauts responsables américains pour exprimer leurs inquiétudes.

Pourquoi maintenant ?

Depuis l’entrée en fonction de Trump, en janvier, Américains et Russes ont plusieurs fois effleuré l’idée d’un sommet. Poutine, intéressé, refusait cependant de bouger tant qu’il estimait ses troupes en position de force sur le terrain. Trump, lui, doutait de toute perspective de paix et repoussait l’échéance, allant jusqu’à fixer un ultimatum : accepter le cessez-le-feu ou se voir infliger une nouvelle salve de sanctions et de tarifs douaniers.

Jeudi dernier, il a partiellement mis ses menaces à exécution en relevant les droits de douane sur les importations indiennes à 50 %, en représailles à la poursuite de leurs achats de pétrole russe. C’est à la veille de l’expiration de cet ultimatum que Moscou a officiellement demandé la tenue du sommet.

Les attentes de Poutine

Pour le maître du Kremlin, la rencontre pourrait servir à gagner du temps et à réchauffer une relation bilatérale glaciale. Plus largement, elle s’inscrit dans sa vision du monde : les grandes puissances doivent se partager les zones d’influence, comme à Yalta en 1945, lorsque Staline s’entretenait avec Roosevelt et Churchill pour redessiner la carte de l’Europe d’après-guerre.

Fort de l’arsenal nucléaire russe, Poutine continue de se considérer comme le dirigeant d’une superpuissance, même si, en dehors des hydrocarbures, la Russie produit peu de biens prisés sur le marché mondial. Depuis qu’il a qualifié la chute de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du siècle », il nourrit l’obsession de ramener l’Ukraine dans l’orbite de Moscou.

Lors de ses pourparlers avec Trump, il devrait ressortir ses exigences maximalistes : reconnaissance de la mainmise russe sur l’est de l’Ukraine, renoncement de Kiev à l’OTAN, gel de toute extension de l’Alliance sur les territoires ex-soviétiques, limitation des effectifs militaires ukrainiens et, en filigrane, installation d’un pouvoir à Kiev acquis au Kremlin.

Et pour Trump ?

En campagne, il avait promis de régler la guerre en Ukraine « en vingt-quatre heures ». Ce délai a depuis volé en éclats, mais l’ancien magnat de l’immobilier se voit toujours comme l’ultime négociateur capable d’arracher « l’accord du siècle » — et pourquoi pas un Nobel de la paix.

Sa ligne a évolué. Début 2025, il semblait jouer la carte du Kremlin, freinant temporairement l’aide militaire et mettant Zelensky sous pression lors d’une rencontre tendue dans le Bureau ovale. Mais l’exaspération croissante envers Poutine l’a amené à valider de nouvelles livraisons d’armes et à qualifier les bombardements de villes ukrainiennes de « honteux » et « répugnants ».

Ces derniers jours, il est revenu au registre de la paix. « Tout le monde s’accorde à dire que cette guerre doit se terminer, et nous allons y travailler dans les jours et les semaines qui viennent », a-t-il écrit sur son réseau social, laissant planer l’idée que l’Alaska pourrait être le théâtre de la négociation la plus spectaculaire de son mandat.

Quels leviers Washington détient-il face à Moscou ?

Donald Trump a beau avoir agité la menace de sanctions directes et secondaires d’une ampleur inédite, il sait que leur effet n’est pas garanti. Là où ses prédécesseurs ne s’asseyaient à la même table que le maître du Kremlin qu’en échange de concessions tangibles dans le cadre de négociations de paix, rien aujourd’hui ne laisse penser que Poutine ait infléchi sa position ou qu’il soit prêt à envisager une telle issue.

La Russie, dopée par la manne énergétique, encaisse jusqu’ici les sanctions occidentales les plus dures. Ses échanges commerciaux directs avec les États-Unis sont marginaux, et Trump n’a pas appliqué aux importations russes les tarifs punitifs qu’il a réservés à d’autres partenaires. Dans un entretien à CNBC, mardi, il a lancé : « Poutine arrêtera de tuer des gens si le prix du pétrole chute de dix dollars par baril supplémentaires. » Mais aucune mesure n’a été prise contre la Chine, premier client de l’or noir russe, et l’Inde affiche sa détermination à poursuivre ses achats.

L’Ukraine, grande absente

L’un des acteurs centraux du conflit, Kiev, ne sera pas présent à ce sommet. Trump promet certes de voir Volodymyr Zelensky juste après son entretien avec Poutine, mais l’absence de l’Ukraine bride d’emblée les marges de manœuvre. L’Europe, pourtant directement concernée par l’issue de la guerre, sera également absente.

Dans un message vidéo depuis son bureau de Kiev, quelques heures après l’annonce de Trump, Zelensky a prévenu : « Toute décision contre nous, toute décision sans l’Ukraine est aussi une décision contre la paix. Elles ne mèneront à rien. Ce sont des décisions mortes-nées. »

Les chancelleries européennes redoutent un scénario dans lequel Trump et Poutine ficelleraient un accord bilatéral avant de tenter de l’imposer à l’Ukraine. Le Vieux Continent campe sur la défense d’un État ukrainien souverain et indépendant, et considère Moscou comme une menace stratégique majeure. Les capitales de l’UE insistent pour que Zelensky soit présent lors d’un éventuel round suivant, mais le Kremlin ferme la porte. Les sondages, eux, sont clairs : malgré les pertes humaines et les destructions, une large majorité d’Ukrainiens refuse toute concession territoriale ou politique réclamée par Moscou.

Trois points qui font de l’Alaska un tournant

Derrière les photos officielles et les poignées de main à venir, trois éléments font du rendez-vous du 15 août en Alaska bien plus qu’un simple épisode diplomatique.

Premier élément : le choix du lieu. C’est un équilibre entre symbole et pragmatisme. Pour Moscou, l’Alaska reste une terre « historique » ; pour Washington, c’est un message visuel — « nous recevons sur notre sol, à deux pas de votre frontière ». Trump y voit un avantage domestique : jouer sa partie contre le Kremlin « à domicile », loin des capitales européennes ou moyen-orientales où les sommets sont souvent parasités par la pression des alliés et les fuites. Poutine, lui, y trouve le confort d’un déplacement court, la cohérence d’une « géographie symbolique » et la possibilité d’afficher un dialogue direct avec l’adversaire principal, sans courroie de transmission.

Deuxième élément : le format « deux plus zéro ». À l’heure où ces lignes sont écrites, la configuration prévue est un entretien strictement bilatéral Trump-Poutine, sans Zelensky. Officiellement, la Maison Blanche n’exclut pas qu’il soit intégré plus tard, mais la pratique diplomatique est implacable : si l’ouverture se fait sans la tierce partie, les paramètres de l’accord se définissent à deux. Ce qu’on appelle, dans le jargon, « fixer le cadre » : on s’entend sur les lignes rouges, puis on invite les autres à s’y inscrire. Avantage tactique pour les deux hommes, mais coup dur pour Kiev, qui risque de recevoir un texte déjà ficelé, plutôt qu’un espace de négociation à co-construire.

Troisième point : le virage rhétorique de Trump

Il y a moins d’une semaine, le locataire de la Maison Blanche agitait un ultimatum sec : cessez-le-feu immédiat ou sanctions secondaires contre les acheteurs de pétrole russe. Aujourd’hui, plus rien de cette posture martiale : à la place, l’ouverture à discuter d’un « échange de territoires ». Ce changement de ton n’a rien d’un accident. C’est un signal envoyé à Poutine : Washington est prêt à marchander et dispose peut-être déjà d’un avant-projet transmis par Moscou. Mais c’est aussi un message pour l’Europe et Kiev : la stratégie américaine glisse d’une logique d’asphyxie économique à celle d’un compromis négocié. Aux yeux des alliés, cela peut ressembler à un décrochage vis-à-vis de la ligne commune, surtout si le compromis passe par des concessions territoriales.

En résumé, le 15 août pourrait ne pas être qu’une rencontre bilatérale, mais l’ouverture d’un format inédit où l’Europe se retrouverait reléguée au rang de spectateur et l’Ukraine sommée d’accepter un cadre défini par d’autres — ou d’en sortir. Toute la question pour Trump sera de présenter ce sommet comme un succès diplomatique des États-Unis et non comme un alignement sur l’agenda russe.

Si l’on observe ce rendez-vous comme une partie d’échecs à l’échelle stratégique, l’Alaska sera le moment où chaque camp tentera d’imposer sa combinaison, tandis que l’Europe et l’Ukraine chercheront à garder la main.

Scénario n°1 : “Le deal à l’américaine”. Trump arrache à Poutine un cessez-le-feu contre la reconnaissance formelle du contrôle russe sur le Donbass et Louhansk, assorti, éventuellement, de garanties de sécurité pour Kiev. Côté Trump, c’est du capital politique pur : il pourra se poser en leader ayant arrêté la guerre là où ses prédécesseurs ont échoué. Sur le plan intérieur, l’image du « dealmaker » est consolidée. Mais le prix stratégique serait lourd : dynamiter le principe d’intangibilité des frontières qui fonde toute l’architecture européenne d’après-guerre. Pour Moscou, c’est la validation d’acquis obtenus par la force. Pour Kiev, c’est un coup porté à sa souveraineté que même une adhésion à l’OTAN ne compenserait pas pleinement.

Scénario n°2 : “Le compromis différé”. La rencontre débouche sur un accord-cadre de cessez-le-feu sans concessions territoriales immédiates. En échange, l’Ukraine gèle ses offensives et la Russie fige la ligne de front. Trump peut se vanter d’un “premier pas vers la paix” et repousser la question territoriale à une « phase suivante ». Pour Poutine, c’est une pause stratégique, le temps de consolider ses positions sans pression militaire immédiate. Pour l’Ukraine, une trêve ambiguë : opportunité de reconstituer ses forces ou amorce d’une normalisation de l’occupation.

Scénario n°3 : “Le veto européen”. Les alliés de l’UE et de l’OTAN serrent les rangs, exigeant que tout accord soit validé par Kiev et qu’aucune concession unilatérale ne soit faite à Moscou. Le sommet se termine sans signature, avec une déclaration commune minimaliste. Risque diplomatique réduit, mais pour Trump, ce serait un sommet « vide », difficile à vendre en pleine campagne, lui qui a besoin d’un coup d’éclat extérieur.

Scénario n°4 : “L’échec pur et simple”. Les discussions capotent sur l’intransigeance de Poutine ou sur la réticence de Trump à lâcher trop tôt. S’ensuivrait un tour de vis sévère sur les sanctions, y compris les fameuses mesures secondaires contre les acheteurs de pétrole russe. L’escalade serait immédiate, mais Trump pourrait alors se présenter comme un dirigeant qui refuse le compromis à n’importe quel prix.

Chacun de ces scénarios offre ses opportunités et ses pièges. Pour Washington, l’équation consiste à marier l’image personnelle de Trump, « artisan du deal », avec les engagements vis-à-vis des alliés de l’OTAN et le respect du droit international. Pour Moscou, c’est l’occasion de graver ses gains territoriaux tout en desserrant l’étau des sanctions. Pour Kiev, c’est un test de résilience politique et diplomatique dans un contexte où son principal allié accepte de traiter directement avec l’agresseur.

La réalité, très probablement, sera un mélange de ces quatre trajectoires. Mais une certitude s’impose : le 15 août, l’Alaska ne sera pas juste un lieu de rencontre, ce sera un point charnière, capable de reconfigurer toute la logique de guerre et de paix sur le continent européen.

En politique, il y a des instants où chaque phrase devient un signal stratégique, capable d’infléchir la ligne de tout un bloc. Le 10 août au soir, les capitales européennes ont parlé d’une seule voix : pas de discussions sur l’avenir de l’Ukraine sans sa participation directe, et pas avant un cessez-le-feu. À première vue, ce n’était qu’un rappel des positions déjà connues. En réalité, c’était une réplique calibrée à Donald Trump, qui, le 15 août, s’apprête à rencontrer Vladimir Poutine en Alaska pour évoquer la fin de la guerre.

Une fracture de principe

Trump, fidèle à son style, a résumé l’équation en deux mots : « échange de territoires ». Sans en dévoiler les détails, mais les fuites venues de Washington et de Moscou esquissent un scénario où le Kremlin accepterait un cessez-le-feu contre l’abandon par Kiev du Donbass et de Louhansk. Pour Moscou, c’est la consolidation d’un butin déjà conquis ; pour Washington, la possibilité de clore un conflit ; pour l’Ukraine, un scénario inacceptable, qui piétine le cœur même du droit international.

En prenant les devants, l’Europe a, vingt-quatre heures avant le sommet, envoyé son avertissement : une paix bâtie sur des concessions territoriales à un agresseur n’est pas la paix, mais l’entracte avant la prochaine guerre. La formule, signée par les dirigeants français, allemand, italien, britannique, finlandais, polonais et par la présidente de la Commission européenne, tient en trois points : le cessez-le-feu n’est qu’un premier pas, la présence de l’Ukraine est non négociable, et les frontières reconnues par la communauté internationale ne peuvent être redessinées par la force.

Zelensky et la diplomatie en ligne directe

Le 10 août au matin, Volodymyr Zelensky a accordé ses violons avec ses alliés européens. Il a rappelé que la question des frontières est gravée dans la Constitution ukrainienne, et qu’aucun dirigeant n’y renoncera. S’il n’a pas rejeté l’idée de discussions avec Trump, il a posé ses lignes rouges : « Toute décision sans l’Ukraine est une décision contre la paix. »

Le même jour à Londres, son chef de cabinet Andriy Yermak et le secrétaire du Conseil de sécurité nationale Rustem Umerov ont rencontré le vice-président américain JD Vance et les conseillers à la sécurité nationale des grandes capitales européennes. Derrière les portes closes, il a été question, d’après des fuites, de conditions de cessez-le-feu couplées à des concessions réciproques : abandon du Donbass contre retrait russe de Zaporijjia et Kherson.

Pourquoi l’Alaska, et pourquoi maintenant ?

Le choix de l’Alaska est un symbole à double tranchant. Ancien territoire de l’Empire russe, elle devient ici terrain « neutre »… avec un lourd sous-texte historique. Moscou y voit un « choix logique » en raison de la proximité du détroit de Béring.

Mais la véritable logique est dans le calendrier. La date coïncide avec la fin de l’ultimatum lancé par Trump : cessez-le-feu ou sanctions secondaires contre les acheteurs de pétrole russe. Après la mission à Moscou de son émissaire Steve Witkoff, le président américain n’a plus évoqué cette échéance, ce qui a déjà semé le doute chez ses alliés européens.

Washington entre deux lignes

À la veille du sommet, la position américaine reste floue. Des sources citées par CBS et le Washington Post affirment que Trump n’exclut pas d’inviter Zelensky en Alaska. Mais pour l’heure, le format prévu est un tête-à-tête strict avec Poutine. Ce choix est risqué : négocier l’avenir de l’Ukraine sans elle minerait la crédibilité de Washington comme médiateur et fragiliserait l’ensemble de l’architecture d’alliances américaines en Europe.

Si Trump et Poutine s’entendaient sur un « échange de territoires » en l’absence de Kiev, cela serait perçu comme une capitulation de la diplomatie occidentale et un signal envoyé à tous les régimes revanchards : la modification des frontières par la force paye. L’Europe, consciente du précédent que cela créerait, a fixé ses garde-fous.

Le 15 août dira jusqu’où les États-Unis sont prêts à intégrer la voix de leurs alliés et celle de l’Ukraine. Ce sommet ne sera pas seulement une négociation entre deux hommes : ce sera un test grandeur nature pour l’avenir de la sécurité européenne.