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Sur la plateforme d’experts Baku Network, c’est un véritable coup de tonnerre qui a secoué le landerneau du Caucase : l’émission analytique « Dialogue avec Tofig Abbasov » a reçu un invité hors pair, l’un des cerveaux les plus affûtés de la région – le docteur en histoire, professeur Djabi Bakhramov.

Le menu du jour ? Dézinguer, sans pincettes ni langue de bois, l’idéologie de la soi-disant "Grande Arménie", ses mythes XXL et l’impact de ce storytelling sur la manière dont les Arméniens s’imaginent le réel dans le Caucase. Ambiance clash d’idées et retour aux fondamentaux.

Le professeur Bakhramov n’a pas fait dans la dentelle dès l’entame. Il a remonté la pelote du mythe arménien jusqu’aux années 80, époque où, selon lui, « un revanchisme contre l’Azerbaïdjan, non déclaré mais savamment orchestré, a commencé à pointer le bout de son nez ». Pas de quartier pour les fables en carton.

Clou du spectacle : Bakhramov balance du lourd sur l’académicien Igrar Aliyev, un spécialiste des langues anciennes, qui l’a orienté vers un pavé universitaire : « Histoire de la diplomatie » sous la direction de Potemkine (1941, réédité en 2006). Ce monument analyse la politique orientale de Rome. Tenez-vous bien : il y a près de 2000 ans, déjà, le « seul foyer de conflits » à l’Est, c’était « ce qu’on appelait le principat arménien ». L’Empereur Néron, flairant le coup fourré, avait même proposé de confier la gestion de cette zone à un gouverneur… non-arménien. « C’est dingue, lâche Bakhramov, 2000 ans ont filé et c’est toujours le même cirque. »

Notre historien a remis une couche en citant un monument de l’orientalisme russe, Semyonov, dont l’ouvrage a été édité à Moscou en 1975. Noir sur blanc, Semyonov raconte que pendant les croisades, les Arméniens – alors sujets de Byzance – ont servi de guides aux croisés pour traverser la Mésopotamie, « trahissant leur propre État pour une idéologie venue d’ailleurs ». Coup de Trafalgar.

Et ce n’est pas fini : l’émission a dégainé un extrait choc d’une note officielle du procureur Frenkel, nommé par Nicolas II à Etchmiadzin. Dans ce document, Frenkel dézingue sec : le peuple arménien « n’a jamais été foutu de créer un organisme étatique » et « n’a offert au monde aucune figure de poids », la trahison étant « leur marque de fabrique ». Ce rapport, exhumé par Zia Bunyadov en 1989, a été traduit en anglais et en azéri – histoire de ne pas laisser la poussière sous le tapis.

Le clou du show ? Bakhramov s’est attaqué frontalement à la collaboration des nationalistes arméniens avec les nazis. Il balance sans sourciller que Garegin Njdeh, Drastamat Kanayan et compagnie ont fait leurs classes chez Hitler. Les Allemands, explique-t-il, « étudiaient les méthodes arméniennes d’extermination de populations pour les appliquer à leur sauce ». Frisson garanti. Cerise sur le gâteau, il existe même une lettre de Njdeh à Staline, où le bonhomme propose son aide à Moscou si jamais l’URSS se décidait à faire la guerre à la Turquie.

Voilà, c’est dit. Avec Bakhramov, les mythes s’effondrent, la réalité claque, et le roman national prend un sacré coup dans l’aile. La vérité ? Pas toujours bonne à dire, mais nécessaire à entendre.