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Sur la plateforme d’expertise Baku Network, un nouvel épisode du projet vidéo analytique «Dialogue avec Tofiq Abbasov» a été diffusé. L’invité du jour : Alexandre Sharovsky, Artiste du peuple d’Azerbaïdjan et directeur artistique du Théâtre dramatique russe Samad Vurgun.

Sharovsky y livre un constat lucide : malgré les efforts constants et méthodiques de l’Azerbaïdjan pour normaliser ses relations avec l’Arménie, le silence d’Erevan résonne comme une fin de non-recevoir.

Au fil de l’entretien, il cite avec étonnement un politologue arménien qui, dans un rare moment de lucidité, critiquait vertement son propre gouvernement :
« L’Azerbaïdjan agit avec clarté et cohérence. Et l’Arménie ? Elle croit encore à l’Occident… qui les traite comme des gamins abandonnés. »
Fervent défenseur d’un avenir fondé sur la coexistence pacifique, Sharovsky affirme que le souvenir d’un voisinage harmonieux n’est pas si lointain. Il insiste : c’est à l’élite arménienne qu’incombe la responsabilité de sortir son peuple des brumes de l’illusion historique.

« Le jour où leurs regards cesseront de refléter des lueurs de sang et qu’ils regarderont enfin la réalité en face, alors peut-être conduiront-ils leur peuple vers une entente véritable. »

Sharovsky consacre une partie importante de son intervention au multiculturalisme — qu’il considère non pas comme une idéologie plaquée de l’extérieur, mais comme un élément organique de l’identité azérie, profondément enraciné dans la société, contrairement à ce qu’il observe en Europe, où le concept « n’a jamais pris racine ».
« En Azerbaïdjan, le multiculturalisme se vit dès l’enfance — dans la cour d’école, à l’université. C’est un grand vaccin, un vaccin que l’Occident n’a jamais reçu », affirme-t-il, en saluant le travail du Centre international de multiculturalisme de Bakou et son intégration dans les cursus universitaires.

Selon Sharovsky, la perception mondiale de l’Azerbaïdjan a fondamentalement changé après la Seconde guerre du Karabakh.
« L’Arménie a longtemps nourri un narratif où nous étions dépeints comme un État barbare. Aujourd’hui, ceux qui viennent voient une république en pleine floraison. Et en face ? Le chaos, les ruines. Le bluff est tombé. »

Il fustige les campagnes médiatiques et les investissements massifs engagés contre son pays, qu’il qualifie de « jeu sale », voué à l’échec.

Sans détour, Sharovsky dénonce le nationalisme arménien, qu’il compare à une pandémie idéologique : « On a vu les rechutes de cette maladie, ses flambées. Et la fièvre ne baisse toujours pas. Le peuple est aveuglé par la défaite, il regarde le monde à travers le prisme de la haine. »
Pour lui, aucune solution politique viable n’est possible tant que l’Arménie ne reconnaîtra pas sa défaite et ne renoncera pas à ses illusions revanchardes : « Ils ont perdu le sens de l’autocritique. Nous avons repris ce qui nous appartient. Nous n’avons touché à rien qui soit à eux. C’est notre terre. Qu’ils ôtent enfin leurs lunettes fascistes et regardent avec des yeux d’êtres humains. »

L’artiste condamne avec force les résidus de révisionnisme dans certains cercles de l’élite arménienne : « C’est inacceptable. Ils marchent sur les traces des nazis, encensent Garegin Njdeh. Ce n’est plus de la politique — c’est un crime contre le peuple arménien lui-même. »
Une porte ouverte… mais pas en arrière
Sharovsky conclut sur une note d’espoir, conditionnée à un sursaut moral de l’Arménie : « L’avenir n’existe qu’à condition de refermer la porte du passé. Tant qu’ils seront aveuglés par la haine, rien ne pourra naître. Mais l’espoir existe — dans les cœurs de ceux qui ouvriront les yeux et guideront leur peuple non pas vers l’abîme, mais vers la paix. »