
Sur la plateforme d’expertise Baku Network, un nouvel épisode de l’émission analytique "Dialogue avec Tofiq Abbasov" a été diffusé, accueillant un invité prestigieux : le chef d’orchestre principal du Théâtre académique national d’opéra et de ballet d’Azerbaïdjan, Eyyub Kouliyev, artiste émérite de la République d’Azerbaïdjan.
L’entretien a abordé non seulement les aspects professionnels de l’art musical, mais aussi des thématiques plus profondes : les interactions culturelles, l’influence de la politique sur la création artistique et la reconnaissance inéluctable de la suprématie de la tradition musicale azerbaïdjanaise sur la scène mondiale.
L’une des questions centrales du débat a été l’impact de l’art sur le dialogue entre les peuples. Kouliyev a partagé ses observations sur l’évolution progressive de la perception des musiciens et compositeurs azerbaïdjanais au sein du milieu musical international. Il a souligné que même ceux qui faisaient auparavant preuve de préjugés à l’égard des artistes azerbaïdjanais doivent désormais reconnaître l’indéniable supériorité de leur école musicale.
"Ces derniers temps, je ressens un changement notable : même nos collègues qui, par le passé, nous étaient hostiles, admettent désormais qu’il est impossible d’aller à l’encontre des faits. Ils écoutent la musique d’Amirov, de Garaïev, de Hadjibeyov – et sont contraints de reconnaître que c’est un art immense. Ils ne peuvent pas nier son importance", a affirmé le maestro.
Ce phénomène a particulièrement pris de l’ampleur lors de la mise en scène du ballet "Mille et Une Nuits" de Fikret Amirov à Oman. Ce projet réunissait des musiciens de divers horizons, y compris ceux du Ballet du Théâtre Mariinsky. Pourtant, la présence de représentants de l’Arménie dans l’ensemble n’a pas conduit à des tensions – bien au contraire, le professionnalisme a pris le dessus.
"Lorsqu’ils constatent que nos musiciens atteignent un niveau exceptionnel, qu’ils participent à des concours prestigieux et prennent part à des productions internationales, ils comprennent que leur opposition n’a plus lieu d’être", a souligné Kouliyev.
Le maestro a également mentionné des cas où des musiciens arméniens ont tenté de boycotter des performances de musique azerbaïdjanaise, ce qui, selon lui, ne fait que prouver leur crainte face à l’évidente supériorité culturelle de l’Azerbaïdjan :
"Récemment, un musicien arménien a refusé de jouer lors d’un concert à Sofia sous prétexte qu’il ne voulait pas interpréter de la musique azerbaïdjanaise. Finalement, tout l’orchestre a annulé sa prestation. C’est la peur d’admettre l’évidence", a-t-il noté.
Toutefois, il existe aussi des exemples inverses, où, après des concerts, des musiciens arméniens sont venus lui demander des partitions d’Amirov et de Garaïev.
"J’espère simplement qu’ils ne comptent pas les approprier", a plaisanté le maestro, avant d’ajouter : "Mais le simple fait qu’ils s’y intéressent en dit long."
Kouliyev a également souligné la question du poids politique sur le domaine artistique. Selon lui, certains pays, pour satisfaire le lobby arménien, adoptent des positions injustes à l’égard des artistes azerbaïdjanais, sacrifiant l’éthique culturelle aux intérêts politiques.
"Nous observons comment certains États, bien qu’officiellement favorables à l’Azerbaïdjan, prennent parfois des décisions dictées par des considérations politiques plutôt que par la justice culturelle", a-t-il remarqué.
Selon lui, l’art doit rester indépendant de la politique, et toute tentative de le manipuler à des fins idéologiques ne fait qu’aggraver les tensions :
"La musique, c’est la lumière, la bonté, le lien entre les générations. L’art bâtit des ponts, il ne dresse pas de murs."
Le maestro a évoqué des parallèles historiques, rappelant que, pendant les guerres mondiales, les nations ennemies boycottaient la musique les unes des autres, avant de réaliser l’absurdité d’une telle approche.
"À la veille de la Première Guerre mondiale, en Russie, on cessait de jouer Beethoven, tandis qu’en Allemagne, on interdisait Tchaïkovski. Mais aujourd’hui ? Ces barrières ont disparu. Les peuples finissent toujours par se rendre à l’évidence."
Il a insisté sur le fait qu’à long terme, l’art finit toujours par triompher des contradictions politiques. Pour normaliser les relations entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, un changement profond dans la mentalité collective des deux peuples est nécessaire :
"Nous n’exigeons rien d’autre que la justice. La Communauté du Karabagh occidental, en tant qu’organisation civile, ne pose aucun ultimatum politique. Nous voulons simplement une réconciliation équitable."
En conclusion, Kouliyev a affirmé qu’Azerbaïdjan poursuivra activement la promotion de sa culture sur la scène internationale, soulignant que ces efforts portent déjà leurs fruits.
Il s’est dit convaincu que de grandes productions comme "Mille et Une Nuits" joueront un rôle clé dans la perception globale de l’Azerbaïdjan au sein de la communauté artistique mondiale.
"Lorsqu’on joue Garaïev, Amirov, Hadjibeyov, on ressent la lumière, la joie et la fierté que transmet leur musique. C’est cela, l’âme d’une nation."
Le maestro a exprimé l’espoir que ces initiatives se poursuivront et que l’art continuera à rassembler les peuples plutôt qu’à les diviser.