
La dernière réunion de l’Eurogroupe — cette arène où se croisent les ministres des Finances des 21 pays de la zone euro — a pris des allures de sommet stratégique, dépassant de loin les questions purement communautaires. Sur la table, un rapport tout frais de la Banque centrale européenne : il dresse un tableau double, à la fois rassurant et inquiétant. Oui, l’euro tient solidement son rang de deuxième devise mondiale. Mais ses failles structurelles, elles, demeurent béantes dans un paysage financier mondial en pleine recomposition.
D’après la BCE, la part de l’euro dans les réserves de change internationales atteignait 20,3 % fin 2024, un chiffre quasi stable comparé à l’année précédente (20,1 %). Cette constance traduit, selon les experts du Mécanisme européen de stabilité, une confiance intacte dans les cadres politiques et institutionnels de la zone euro, malgré la série noire de crises internes — du choc énergétique de 2022–2023 jusqu’à la pression de la dette sur l’économie italienne au printemps 2024.
En face, le dollar montre des signes d’essoufflement. Selon le FMI, sa part dans les réserves mondiales est passée de 60 % en 2023 à 58,1 % fin 2024, poursuivant sa glissade au premier trimestre 2025 pour s’établir autour de 57,5 %. À titre de repère, cette part culminait encore à 65 % en 2015. En d’autres termes, la dédollarisation s’installe, pas à pas, de façon irréversible. Markus Kühn, patron du département d’analyse de la Bundesbank, résume sans détour : « La politisation du dollar et son rôle d’arme de sanction ont poussé une partie des régulateurs mondiaux à diversifier davantage leurs portefeuilles de réserve ».
Le dernier rapport trimestriel du FMI le confirme : depuis son sommet de 71,1 % en 2000, le dollar a perdu près de 13 points de pourcentage à l’horizon 2025. L’euro, lui, reste fidèle à sa ligne de flottaison, occupant environ un cinquième des réserves internationales depuis deux décennies, ce que la Banque des règlements internationaux qualifie d’« ancre institutionnelle » dans l’univers des devises mondiales.
Sur le terrain des paiements transfrontaliers, les chiffres de SWIFT pour mai 2025 racontent une autre histoire. L’euro pèse 32,4 % des transactions, le dollar 41,8 %, tandis que le yuan se hisse à la troisième place avec environ 4 % — un bond impressionnant quand on se souvient qu’en 2010 la monnaie chinoise ne représentait que 0,6 % des paiements mondiaux. En l’espace de 15 ans, sa part a été multipliée par plus de six, reflet, selon le professeur Julian Moretti de la London School of Economics, « non seulement du poids économique de la Chine, mais aussi de la volonté stratégique de Pékin de bâtir sa propre galaxie monétaire ».
L’Eurogroupe, lors de sa session de juin, a braqué les projecteurs sur ces mutations. D’après des documents de travail ayant fuité dans le Financial Times, la solidité de l’euro à long terme ne pourra pas reposer uniquement sur la discipline budgétaire interne, mais devra impérativement s’appuyer sur un renforcement des infrastructures de paiement, histoire de ne pas se faire grignoter par la montée en puissance de blocs monétaires régionaux. Dans cette perspective, la question de la compatibilité des systèmes de règlement européens avec des réseaux alternatifs comme le CIPS chinois (Cross-Border Interbank Payment System) ou encore le BRICS Pay — qui prend son envol depuis le début de 2025 — s’avère cruciale.
Pour l’Azerbaïdjan, ces débats ne relèvent pas d’une simple curiosité académique. Les échanges commerciaux entre Bakou et la zone euro, sur les cinq premiers mois de 2025, ont atteint 5,7 milliards d’euros, dont près de 70 % réglés directement en euro, d’après le Comité national des statistiques. La baisse continue du dollar dans les réserves mondiales, combinée à l’essor des formats multidevises, offre à l’Azerbaïdjan une marge de manœuvre appréciable pour diversifier ses contrats d’exportation et réduire ses risques de change.
Autre élément à surveiller : l’envolée progressive du yuan. Sur un total de 2,1 milliards de dollars d’échanges sino-azerbaïdjanais de janvier à mai 2025, pas moins de 11 % sont désormais libellés en yuan, soit un gain de 4,5 points par rapport à l’an passé. Emin Guseynov, vice-ministre de l’Économie d’Azerbaïdjan, salue cette évolution : « Un système de règlements multilatéral nous permet de limiter notre dépendance à une seule monnaie de réserve et de mieux sécuriser nos opérations commerciales. »
Mise bout à bout, cette mosaïque de données met en lumière une transformation de fond dans l’architecture monétaire internationale. Il ne s’agit plus d’un simple rééquilibrage : on assiste à un vrai basculement qualitatif. Le dollar perd son monopole de fait en tant que pivot universel, même s’il conserve une avance mécanique grâce à la profondeur de ses marchés et à leur liquidité. L’euro, lui, reste arrimé à sa deuxième place, sans pour autant gagner de terrain, campant dans sa fourchette de 20–21 % depuis vingt ans. Quant au yuan, il grignote du terrain, lentement mais sûrement, en phase avec l’expansion commerciale et financière de la Chine.
L’euro sous la pression des sanctions américaines : vers un nouvel équilibre monétaire mondial ?
Derrière ces évolutions monétaires se cache un moteur essentiel : la politique de sanctions des États-Unis. Rien qu’en 2024, plus de 300 milliards de dollars d’actifs ont été gelés aux quatre coins de la planète, visant notamment les réserves de la Russie et de plusieurs pays du Proche-Orient. Un coup de semonce qui, selon le dernier rapport de l’Institute of International Finance à Washington (juin 2025), « a sapé la confiance dans le dollar en tant qu’unité de compte neutre » et précipité la vague de diversification des réserves.
La zone euro, elle, doit composer avec un défi à double détente. D’un côté, la montée en puissance de l’euro sert les intérêts des entreprises européennes, qui profitent d’un financement moins coûteux et d’une stabilité de change plus lisible. De l’autre, l’exigence d’une discipline budgétaire de fer — notamment à l’égard de pays comme le Portugal, la Grèce ou l’Italie, dont la dette publique frôle déjà 130 % du PIB en 2025 — limite dangereusement la marge de manœuvre budgétaire en cas de coup dur.
Le dernier sommet de l’Eurogroupe a donc fait passer un message clair : la monnaie européenne reste solide, mais devra s’adapter à une architecture financière mondiale de plus en plus complexe et multipolaire, alors même que le dollar est instrumentalisé à des fins géopolitiques et que les blocs régionaux gagnent du terrain. Pour l’Azerbaïdjan, cette recomposition offre un vrai bol d’air, permettant de mener ses affaires extérieures dans un environnement monétaire à la fois plus diversifié et plus sûr — un point particulièrement sensible compte tenu des risques géopolitiques dans le Caucase et des pressions répétées de certaines capitales occidentales sur Bakou.
À très court terme, la trajectoire de l’euro, du dollar et d’un yuan en pleine ascension dessinera les contours d’un nouvel ordre monétaire mondial — moins homogène, mais peut-être plus équilibré et plus juste, dans lequel l’Azerbaïdjan entend défendre ses intérêts stratégiques et préserver sa souveraineté économique.
L’intérêt des économies émergentes pour les actifs libellés en euros n’a sans doute jamais été aussi manifeste. La Banque centrale européenne évalue à 350 milliards d’euros, en mai 2025, le total des investissements des banques centrales africaines et moyen-orientales dans des actifs européens — un bond de près de 11 % par rapport à fin 2024, établissant un record historique. Cette ruée vers l’euro s’explique à la fois par l’essor des échanges commerciaux avec l’UE — Eurostat chiffre à plus de 380 milliards d’euros le commerce entre l’UE et l’Afrique en 2024 — et par la volonté des pays en développement de réduire leur exposition au risque de change dans un monde secoué par une instabilité géopolitique chronique. La tension persistante autour de Taïwan et les foyers de crise au Proche-Orient ont d’ailleurs servi de catalyseur à cette réorientation.
Pour autant, ce flot d’investissements en direction des marchés européens ne gomme pas les faiblesses internes de l’UE. Selon la Commission européenne, la croissance en zone euro ne dépassera pas 1 % en 2025, avec une inflation estimée autour de 2,4 %. Des chiffres plutôt ternes, surtout à l’heure où le taux de change fait planer une nouvelle menace : depuis janvier 2025, l’euro s’est apprécié d’environ 5 % face au dollar, ce qui, d’après ING Research, commence déjà à ronger la compétitivité de secteurs clés, au premier rang desquels l’automobile et les exportations technologiques de pointe.
Les experts d’Oxford Economics n’y vont pas par quatre chemins : si l’euro continue de grimper, l’industrie automobile européenne pourrait perdre jusqu’à 4,2 milliards d’euros de recettes à l’export au second semestre 2025. Le signal d’alarme a déjà retenti au premier trimestre, avec une baisse de 6,5 % des exportations de véhicules vers les États-Unis par rapport à la même période de 2024. Même son de cloche dans la filière de l’électronique industrielle, dont les exportations vers l’Asie ont reculé de 4,1 % en mars-avril 2025, un effet direct du renchérissement de la devise européenne.
Le spectre d’une stagnation industrielle n’a donc rien d’une vue de l’esprit. BusinessEurope, la grande fédération des industriels européens, prévient que son indice de production pourrait tomber sous la barre des 50 points — synonyme de contraction — d’ici septembre 2025 si l’euro reste trop fort et que la croissance ne redémarre pas franchement.
C’est dans ce contexte que Christine Lagarde, patronne de la BCE, a lancé un avertissement appuyé le 24 juin à Bruxelles : « le moment euro » pourrait être manqué si l’Europe ne renforce pas ses bases institutionnelles. Elle a plaidé pour une accélération de l’union des marchés de capitaux, une intégration bancaire plus poussée et un saut technologique décisif. « Si l’Europe veut viser le leadership mondial, elle ne peut pas se contenter éternellement de la deuxième place », a-t-elle martelé — des mots interprétés comme un signal d’ouverture à une politique monétaire plus souple pour soutenir la croissance.
Ce message a fait mouche : d’après Bloomberg Economics, les flux d’investissements de portefeuille vers les obligations de la zone euro ont bondi à 128 milliards d’euros au premier trimestre 2025, soit une hausse de 12 % sur un an. En cause : la meilleure rémunération des titres d’État français, italiens et espagnols, mais aussi la solidité retrouvée des grands établissements bancaires européens.
Parallèlement, Eurostat a dévoilé que les investissements directs étrangers dans l’UE avaient progressé de 7,3 % en 2024, franchissant pour la première fois la barre symbolique des 500 milliards d’euros. L’essentiel de ces capitaux est venu du Golfe et d’Asie du Sud-Est, preuve supplémentaire que pour les économies émergentes, la diversification monétaire et financière n’est plus une option, mais une nécessité.
L’Azerbaïdjan à l’affût : quand l’euro devient un levier stratégique
Pour Bakou, ces bouleversements monétaires n’ont rien d’un débat lointain : ils méritent au contraire la plus grande vigilance. L’Union européenne figure parmi les partenaires commerciaux et investisseurs les plus stratégiques de l’Azerbaïdjan. Selon le Comité national des douanes, le volume d’échanges entre l’Azerbaïdjan et l’UE a franchi la barre des 17 milliards d’euros en 2024, avec une part des règlements en euro grimpant à 42 % de l’ensemble des flux financiers bilatéraux. Cette appréciation de la monnaie unique, malgré les vents contraires qu’elle fait souffler sur l’industrie européenne, pourrait à terme doper l’intérêt des entreprises européennes pour des approvisionnements énergétiques diversifiés en provenance d’Azerbaïdjan, l’euro fort rendant les importations de ressources énergétiques relativement moins onéreuses.
Mais attention au revers de la médaille : un euro plus musclé risque d’entamer le pouvoir d’achat de certains partenaires européens vis-à-vis de biens et de services en provenance de pays tiers, surtout si la croissance du Vieux Continent reste poussive. D’où la nécessité, pour Bakou, de garder un œil aiguisé sur la santé industrielle européenne, en particulier dans les secteurs de la construction et de la mécanique, où les exportateurs azerbaïdjanais ont tout intérêt à renforcer leurs positions en fournissant des matières premières et des produits semi-finis.
En filigrane, on peut affirmer que l’engouement des économies émergentes pour l’euro traduit à la fois une quête rationnelle de diversification monétaire et l’espoir d’une Europe politiquement et économiquement stable. Pourtant, cet intérêt pourrait vite s’étioler en cas de stagnation industrielle prolongée, de flambée du taux de change ou d’enlisement des réformes structurelles au sein même de la zone euro. Pour l’Azerbaïdjan, ce « moment euro » constitue une fenêtre d’opportunité à saisir, tout en imposant une vigilance accrue face aux mutations macroéconomiques et institutionnelles de la zone euro afin de préserver la souplesse de sa stratégie commerciale et de ses partenariats d’investissement.
Au premier semestre 2025, le destin de la monnaie unique s’est à nouveau imposé comme un thème central à Bruxelles. Confrontée à une rivalité exacerbée entre blocs monétaires — notamment la montée de nouvelles alliances régionales et la poursuite de la dédollarisation — l’Union européenne a été poussée à accélérer ses chantiers pour consolider le rôle international de l’euro. En première ligne de cette offensive : le développement de l’euro numérique.
Selon la BCE, plus de 300 banques et acteurs du paiement participent d’ores et déjà aux programmes pilotes de test de l’euro numérique. Dans un rapport publié le 18 juin, la Banque centrale européenne précise que ces plateformes visent d’abord à fluidifier les paiements transfrontaliers tout en renforçant la cybersécurité. Des analystes indépendants — notamment de Bruegel et du Centre for European Policy Studies — estiment que les paiements internationaux et le commerce en ligne pourraient devenir le véritable moteur d’un usage massif de cette version digitale de la monnaie unique.
Cette intuition est confirmée par un récent sondage de la Commission européenne, dévoilé le 10 juin 2025. Il en ressort que 67 % des Européens se disent prêts à utiliser l’euro numérique, principalement pour régler des achats en ligne ou effectuer des transferts hors de leur pays. Une proportion en nette hausse par rapport aux enquêtes de 2023–2024, où l’on peinait à dépasser les 55 % d’opinions favorables.
Autant d’éléments qui laissent penser que l’euro pourrait, dans un horizon de trois à cinq ans, se doter d’un atout compétitif supplémentaire. La combinaison entre innovations technologiques, baisse des coûts de transaction et meilleure transparence des flux donne à la monnaie unique une vraie chance de consolider ses positions. Un scénario d’autant plus plausible que les pays émergents cherchent, eux, à desserrer l’étau de leur dépendance au dollar.
L’euro numérique à la croisée des chemins : l’Azerbaïdjan, spectateur engagé d’une mutation à haut risque
Malgré ces signaux porteurs d’espoir, l’Europe reste lestée d’un risque systémique qu’elle traîne comme un boulet depuis plusieurs décennies : le déséquilibre de sa dette interne. La fracture est toujours là, béante, entre le fameux « noyau nordique » — Allemagne, Pays-Bas, Autriche — et les économies méridionales comme l’Italie, l’Espagne ou la Grèce.
Eurostat ne laisse planer aucun doute : fin 2024, la dette publique italienne pesait 137,1 % du PIB, un record peu enviable parmi les poids lourds de la zone euro. À titre de comparaison, l’Allemagne affichait un ratio de 61,9 %, les Pays-Bas 55,2 % et l’Autriche 72,3 %. Autrement dit, au moindre choc externe — par exemple une crise énergétique que S&P Global juge encore plausible au vu des tensions persistantes au Proche-Orient — la solidité de l’édifice financier européen pourrait vaciller dangereusement.
Ces menaces ont été clairement mises sur la table lors du Conseil européen de la mi-juin 2025. Selon le communiqué officiel du 14 juin, la priorité a été donnée à la question des réformes structurelles. Le message est limpide : sans un approfondissement réel du marché unique, sans une protection accrue des investisseurs et sans amélioration du climat des affaires, l’euro restera fragile face à la poussée des unions monétaires régionales et à la montée en puissance d’actifs concurrents basés sur la blockchain.
C’est un point particulièrement sensible pour l’Azerbaïdjan, dont les liens économiques et financiers avec l’Europe se densifient d’année en année. Avec un volume d’échanges qui a atteint 15,7 milliards d’euros en 2024 (données Eurostat), Bakou a tout intérêt à ce que l’euro conserve stabilité et robustesse. Toute variation brutale de la monnaie unique pourrait peser directement sur les prix, les contrats et la visibilité globale de l’environnement des affaires. À ce titre, l’euro numérique est perçu à Bakou comme un futur gage de sécurité et de fiabilité pour les règlements, notamment dans les filières énergétiques et la logistique de transport.
Les analystes — qu’il s’agisse de l’Institut de l’économie mondiale de Kiel ou de l’IFRI en France — avancent trois scénarios plausibles.
Premier scénario : l’inertie. En l’absence de nouveau choc majeur et avec la poursuite d’une politique monétaire mesurée de la BCE, la part de l’euro dans les réserves mondiales resterait cantonnée à 19–21 %, et son utilisation dans les règlements internationaux continuerait d’évoluer sans à-coups.
Deuxième scénario : l’optimisme. Dans cette hypothèse, l’euro numérique serait mis en œuvre avec succès et les réformes de convergence fiscale et d’investissement iraient à leur terme. Dans ce cas, d’après Bruegel et le FMI, l’euro pourrait viser jusqu’à 25 % des réserves mondiales à l’horizon 2030, renforçant son statut de deuxième monnaie planétaire derrière le dollar.
Troisième scénario : la rechute. Ce scénario noir table sur une fragmentation politique de l’Union, une récession prolongée au sud de la zone euro et un regain de défiance envers l’eurosystème. Dans un tel contexte, le poids de l’euro pourrait retomber à 17–18 %, selon le pronostic du European Monetary Institute publié en juin 2025, et sa crédibilité comme valeur de réserve en serait sévèrement écornée.
Au fond, l’Union européenne est bel et bien face à un carrefour historique. Les forces de la digitalisation et les courants de la dédollarisation jouent objectivement en faveur d’un euro plus affirmé. Mais sans une refonte structurelle courageuse de ses propres mécanismes, tout cela risque de n’être qu’un mirage.
Pour l’Azerbaïdjan, partenaire solide de l’Europe en matière énergétique et de transit, il est crucial que la monnaie européenne conserve sa stabilité et reste un repère prévisible pour le commerce et l’investissement. L’avenir de l’euro numérique ne se limite pas à une question de compétitivité continentale ; il en va de la charpente même de l’ordre monétaire mondial à venir. Et c’est précisément à l’été 2025 que se prennent les décisions qui en fixeront les lignes pour des décennies.