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Début mars 2025. La Maison Blanche — fraîchement réoccupée par Donald Trump — est en surchauffe. L’entourage du président veut frapper fort, montrer au monde que le patron est de retour, plus teigneux que jamais. Après les années mollassonnes de Biden et son échec total à calmer le jeu au Moyen-Orient, Trump cherche son moment de gloire. Et il le trouve : les Houthis. Ces rebelles yéménites qui ont quasiment verrouillé la mer Rouge sont tout désignés. Faciles à cibler, parfaits pour les caméras, et surtout, pas de gros risques côté pertes américaines.

L’opération s’appellera Rough Rider. C’est Pete Hegseth, le nouveau patron du Pentagone, qui l’a validée en personne. Objectif : plier l’affaire en un mois, montrer les muscles, faire péter les dépôts de munitions devant les caméras de CNN et Fox, reprendre la main sur les routes maritimes. La vieille recette de la « petite guerre victorieuse », servie à la sauce MAGA.

Les types du renseignement ont bien tenté de calmer le jeu : les Houthis, c’est pas juste des mecs en sandales avec des kalachs. C’est un mouvement idéologique dur, structuré, soutenu par l’Iran. Mais à la Maison Blanche, on écoute que les échos flatteurs. Trump, dans un aparté capté par des sources du Conseil de sécurité nationale, aurait lâché : « Ce sera comme la Libye en 2011. On bombarde, on se casse. Mais sans Hillary. »

Au départ, l’équipe semble soudée. Hegseth, Michael Kurilla (le boss du CENTCOM) et Dan Kane (le nouveau chef d’état-major) y croient dur comme fer. Sauf que voilà : les Houthis ne lâchent rien. Pire, ils répliquent avec une férocité inattendue. Le rêve de blitzkrieg tourne court.

Une guerre à l’aveugle

Du 15 mars au 15 avril, l’US Air Force balance plus de 1100 frappes sur des positions houthies. CENTCOM se gargarise de « désorganisation logistique massive » chez l’ennemi. Mais sur le terrain, c’est une autre chanson : des Reaper MQ-9 tombent comme des mouches, les missiles houthis continuent à pleuvoir, et même l’USS Harry S. Truman se prend des salves. Ambiance.

Deux F/A-18 s’écrasent en mer — des erreurs humaines grotesques — et deviennent les tristes symboles d’une opération sans boussole. L’un des pilotes, interrogé hors micro par NBC, balance : « On savait même pas pourquoi on était là. Ça sentait la vendetta, pas la guerre avec un plan. »

Dans les coulisses, ça commence à se fissurer. Kurilla pousse pour une escalade, veut envoyer les troupes au sol — avec l’aide des Saoudiens et des loyalistes yéménites. Hegseth, lui, joue double jeu. Il discute en douce, et ça lui explose à la figure quand The Intercept met la main sur des échanges confidentiels sur Signal. Fuite massive, panique à bord. Un haut responsable balance alors la phrase fatidique : « La campagne a perdu toute cohérence opérationnelle. »

Et c’est là que débarque Steve Witkoff. L’émissaire spécial de Trump pour le Moyen-Orient active son joker : Oman. Ce petit État discret, expert en médiation, propose un deal taillé sur-mesure : les frappes s’arrêtent, les Houthis aussi. S’ils continuent ? Bah, c’est leur problème, plus celui de Washington. Bingo.

Derrière la façade : ça se déchire

En interne, c’est la foire d’empoigne. Dan Kane, en réunion fermée, pète un câble : « Cette guerre nous vide les poches et nous détourne du vrai enjeu : la Chine. On joue sur leur terrain alors qu’on oublie Taïwan. » Il reçoit le soutien de Tulsi Gabbard, désormais directrice du renseignement national et nouvelle égérie médiatique de l’ère Trump.

Marco Rubio, secrétaire d’État, tergiverse, puis change de ton après que les Houthis frappent le port israélien d’Eilat. Il claque : « On ne contrôle plus l’agenda. Un deal est sur la table — faut le prendre. »

Le triomphe bidon

Le 28 avril, c’est la cata. Un Super Hornet finit dans la flotte. Trois blessés. Le même jour, une frappe US sur un centre de transit houthi tue plus de 40 civils, dont des femmes et des gosses. Tollé mondial.

4 mai, un missile houthi passe à travers le Dôme de fer et atteint les abords de Ben Gourion. En Israël, c’est la panique. On exige des représailles. Mais côté US, les batteries sont à plat.

6 mai, dernier crash d’un F/A-18. Et là, Trump lâche : « Ça suffit. On a gagné. C’est moi qui le dis, et c’est moi qui choisis quand. » Le 7 mai, dans un show typique depuis le perron de la Maison Blanche, il annonce solennellement : « On les a pulvérisés. Ils ne tireront plus jamais sur nous. On respecte leur bravoure, et on met fin à l’opération. »

En interne, on appelle ça « la victoire programmée » — une fin écrite d’avance, sans rapport avec la réalité. Witkoff est félicité en off pour avoir trouvé la sortie sans que l’Amérique perde la face.

Mais 48 heures plus tard, les Houthis balancent un message triomphal sur X : « Les Américains ont fui. Le Yémen a gagné. C’est le début de la fin pour l’impérialisme. »

Victoire en trompe-l’œil, défaite en rase campagne

Trump n’a pas gagné. Il a renoncé. Mais il l’a fait en mettant en scène son renoncement comme une victoire. Une capitulation déguisée en bravade, en pur produit marketing. Car face à un ennemi qui se bat pour un symbole et pas pour un bout de terrain, les superpuissances sont à poil.

Aux États-Unis, les réactions fusent : Fox News applaudit à tout rompre, MSNBC crie à la mascarade, le Pentagone ferme sa gueule. Au Congrès, c’est la guerre des nerfs : les démocrates hurlent au fiasco maquillé en succès, les républicains saluent « un leadership agile ».

Au Yémen, c’est la fête. À Téhéran, on savoure. À Jérusalem, on flippe. Et à Pékin, on note froidement : l’Amérique grille ses cartouches avant le choc avec Taïwan.

Ce qui restera de cette campagne ? Une guerre paumée sur le plan stratégique, mais habilement emballée pour les JT. La signature Trump, en somme : ne pas vaincre, mais faire semblant d’avoir gagné.

Le canal de Mascate, les signaux saoudiens et le storytelling guerrier de la Maison Blanche : les dessous d’une «victoire» made in Trump

Le 28 avril 2025, une délégation américaine débarque à Oman sous couvert d’une mission humanitaire. Les caméras ne captent rien de suspect. Mais à huis clos, dans un complexe feutré de Mascate, se joue une scène diplomatique aussi improbable que cruciale. D’un côté, Steve Witkoff, le monsieur Moyen-Orient personnel de Trump, désigné en contournant les circuits traditionnels du Département d’État. De l’autre — deux émissaires des Gardiens de la révolution, arrivés avec des passeports diplomatiques iraniens et mandatés directement par le bureau du Guide suprême Ali Khamenei.

Mascate, fidèle à sa réputation de boîte noire régionale, ressuscite le vieux canal de dialogue discret entre Washington et Téhéran. Un officier du Pentagone glisse, amer : « On est allés voir les Iraniens en agitant le drapeau blanc. Pas pour faire la paix. Pour trouver une porte de sortie. »

L’offre iranienne est limpide : les frappes américaines cessent, les Houthis lèvent le pied… sur les cibles US. Pour Israël, par contre, ce sera business as usual. Téhéran prévient : si les Américains interviennent pour défendre les Israéliens, le deal vole en éclats.

Un compromis sale, bancal, mais — aux yeux de la Maison Blanche — vendable. Officiellement, pas de tractations avec l’Iran. Officieusement, dès le 3 mai, la CIA rédige une note classée « Engagements houthites via canal Mascate ».

L’Arabie saoudite joue sur deux tableaux

Les Saoudiens ? Ambigus, comme toujours. En façade, ils laissent faire les frappes US, espérant qu’on saigne un peu les Houthis. Mais dès qu’il s’agit de mettre des bottes sur le sable, MbS se défile. Il décline l’invitation à monter une coalition terrestre. Un agent du renseignement US le dit cash : « MbS ne veut pas revivre 2015. Il a été clair : vos bombes, vos emmerdes. »

Mais Riyad ne reste pas inactif. Sur Al Arabiya et Al-Hadath, on diffuse des analyses qui parlent non pas d’une victoire US, mais d’une "suspension temporaire des hostilités". Une manière de garder la face, d’éviter l’enlisement… et de continuer à se rapprocher de Téhéran, avec qui les discussions de normalisation avancent à petits pas.

Côté Doha, on active aussi les réseaux. Depuis 2021, un discret canal entre les services qataris et les Houthis existe. Selon le BND allemand, ce sont les Qataris qui soufflent aux Américains que les Houthis seraient ouverts à une « désescalade encadrée », via l’entremise omanaise.

Une victoire montée en studio

L’annonce de la victoire ? Du pur storytelling électoral. Le QG de campagne de Trump prépare le coup dès la mi-avril, voyant que l’opération militaire s’enlise. Aux manettes : Susie Wiles, la spin doctor attitrée du président, architecte du narratif et stratège en perception publique.

Sur son ordre, avant même la fin officielle des opérations, des vidéos « fuitent » sur Fox News, montrant des entrepôts houthites pulvérisés. Pendant ce temps, les experts de la Heritage Foundation déroulent l’élément de langage du moment : « Trump règle ce que Biden n’osait même pas effleurer. »

JD Vance, vice-président, enchaîne les plateaux TV et martèle : « Trump défend les intérêts américains, mais refuse de sacrifier des vies pour des alliés trop frileux pour se battre eux-mêmes » — clin d’œil à peine voilé à Israël.

Marco Rubio, en mode secrétaire d’État rationnel, insiste sur la « retenue stratégique ». Il balance : « L’Amérique fixe les règles du jeu, mais n’impose plus ses guerres. » Tulsi Gabbard, désormais poids lourd du renseignement, joue la carte philosophique : « Parfois, la vraie victoire, c’est de partir sans ruiner l’avenir. »

Houthis ragaillardis, Israël furax, Pékin aux aguets

Sur le papier, c’est nickel : campagne finie, pas de troupes au sol, et une "victoire" formatée pour les bulletins d’info. Mais dans les coulisses :

— Les Houthis jubilent et intensifient les frappes… sur Israël.
— À Tel-Aviv, c’est la stupeur : pour les Israéliens, Washington a reculé — un signal que l’Iran captera très bien.
— Riyad garde les distances, parfait équilibriste entre USA et Iran.
— Pékin observe en silence le niveau de burn-out militaire américain, surtout avec la tension qui monte sur Taïwan.

Mais surtout, il y a un précédent. Trump montre qu’il peut allumer une guerre, puis l’éteindre aussi vite — non pas pour gagner, mais pour gérer le récit.

Nouvelle doctrine à Washington : la guerre devient un outil de marketing électoral. Pas une stratégie. Tandis que les élus républicains préparent leurs punchlines — « Trump a rétabli la paix sans perdre une guerre » —, au Pentagone, on commence à flipper : et si le prochain round, c’était contre la Chine ?

Israël, l’allié largué

5 mai 2025. Une roquette balistique houthie, tirée depuis la région de Sanaa, traverse le ciel israélien et explose à deux kilomètres de l’aéroport Ben-Gourion. Pas de morts — le missile touche une zone logistique. Mais l’impact médiatique est énorme.

À Tel-Aviv, c’est le chaos. Une attaque sur le principal hub aérien du pays, c’est pas une bavure. C’est un message. Et il s’adresse directement à Washington : « Vous êtes partis, ils sont arrivés. »

Panique sur Capitol Hill, colère à Jérusalem : quand Trump largue Israël au nom de la com'

À peine la roquette houthie a-t-elle explosé près de l’aéroport Ben-Gourion, que le téléphone rouge s’est enflammé entre Tel-Aviv et Washington. Benjamin Netanyahou convoque illico le Conseil national de sécurité à huis clos. D’après Haaretz, deux décisions tombent : gel immédiat du partage de renseignement avec les Américains sur le Yémen, et rappel de la délégation israélienne à Washington, censée discuter d’une coordination antimissile en mer Rouge.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant, lors d’un brief off avec quelques journalistes, balance sans filtre :
« L’administration américaine nous a laissés tomber au moment le plus critique. Les Houthis ne sont pas vaincus — ils sont galvanisés. Trump ne les a pas battus, il les a reconnus. »

Un mémo classifié part dans la foulée au Pentagone. Signé de la direction du renseignement militaire israélien (Aman), il alerte : les Houthis vont profiter de cette pseudo-trêve pour renforcer leur arsenal de longue portée, avec en prime des composants iraniens dans les tuyaux.

Washington, de son côté, tente d’éteindre l’incendie. Message clair à Tel-Aviv : pas d’escalade publique, svp. Pas maintenant. Le fragile équilibre diplomatique passé par Mascate ne doit surtout pas voler en éclats.

Clash en direct : la colère s'invite sur CNN

9 mai. Prime time explosif sur CNN. L’ancien ambassadeur israélien à l’ONU, Danny Danon, dégoupille en plateau :
« La décision de Trump, c’est une victoire iranienne orchestrée par la diplomatie américaine elle-même. »

Le pavé dans la mare fait des vagues jusque dans les rangs du Parti républicain. Les faucons, Lindsey Graham en tête, évoquent carrément une enquête interne sur le rôle de Steve Witkoff et du ministre de la Défense Pete Hegseth dans cette "reddition maquillée".

Mais ni la Maison Blanche, ni le Département d’État ne bronchent. D’après des documents internes que s’est procuré Axios, la ligne est limpide :
« L’alliance avec Israël reste stratégique, mais ne doit pas déterminer la conduite d’opérations vitales pour le soutien intérieur au président. »

Autrement dit : Trump n’a plus envie d’être le "garant inconditionnel" d’Israël si ça met en péril son image ou son agenda médiatique.

Israël largué : rupture ou mue stratégique ?

À Jérusalem, c’est le choc. Depuis la guerre du Kippour en 1973, jamais Israël ne s’était senti aussi seul face à une menace directe. Dans la presse hébraïque, on évoque un « Suez symbolique » — clin d’œil à 1956, quand les États-Unis d’Eisenhower avaient contraint Israël à se retirer du Sinaï.
Mais cette fois, ce sont les Américains qui se retirent. Et les Israéliens qui restent exposés.

Les généraux israéliens, eux, ne perdent pas de temps. Le commandant de l’Armée de l’air, le général Tomer Bar, valide le plan « Haïfa-3 » : frappes ciblées sur les défenses antiaériennes et les rampes de lancement houthies. Moyens : F-35, drones en couverture, frappe chirurgicale. Sans les États-Unis.

Mais même chez les va-t-en-guerre du Congrès américain, l’idée inquiète. Car si Israël frappe, les Houthis peuvent répondre sur Eilat, Dimona… voire Haïfa. Et alors ? Alors les États-Unis devront revenir — sans stratégie, mais lestés d’un nouveau bourbier.

Un message pour la planète entière

La décision de Trump de couper court à la guerre au Yémen, contre l’avis d’Israël, envoie un message sans filtre à tous les alliés de l’Amérique : les États-Unis ne sont plus les gendarmes du monde. Ils sont les gestionnaires de leur intérêt immédiat.

— À Séoul, on reparle de dissuasion nucléaire locale.
— À Varsovie, on relance l’idée d’un bouclier antimissile européen, sans dépendre de l’OTAN.
— À Taipei, l’angoisse monte : si Pékin frappe demain, qui ira au front ? Qui proclamera la victoire sans livrer bataille ?

Et pendant ce temps, à Mar-a-Lago, lors d’un dîner avec des donateurs le 10 mai, Trump lâche, tout sourire :
« J’ai clos la campagne au Yémen sans perte et sans salissure. Ils continuent à se battre ? Tant mieux. Ce qui compte, c’est qu’on a gagné. Et personne n’osera contester ça. »

C’est peut-être là qu’est l’essentiel. La victoire ne se mesure plus en objectifs militaires.
Elle se mesure en mots. En manchettes.
Et surtout — à qui a le micro au moment de dire « fin ».

Aujourd’hui, malgré les drones abattus, les tensions à Jérusalem, les cris de joie à Sanaa… celui qui proclame la victoire, c’est encore lui. Donald J. Trump.