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La Syrie ? C’est plus vraiment un État, c’est un échiquier géant où les grandes puissances déplacent leurs pions comme bon leur semble. Dans le ciel, les avions de chasse tournent comme des vautours ; au sol, chacun tire la couverture à lui pour redessiner la carte du Moyen-Orient selon ses petits calculs. Et ces derniers raids israéliens ? C’est pas juste une énième frappe. Non. C’est un message. Un uppercut géopolitique. Tel-Aviv ne se cache plus : le Sud syrien est désormais une ligne de front dans la guerre feutrée qu’Israël mène contre Damas... et Ankara.

Sous couvert de « protection » des Druzes, Israël avance ses pions. Mais derrière le vernis humanitaire, c’est une manœuvre bien huilée qui se dessine : barrer la route à la Turquie, saboter la reconstruction post-conflit et faire dérailler toute tentative d’intégration des groupes armés pro-turcs dans un futur ordre syrien. Le plus cynique ? C’est que la communauté druze, qui pourrait pourtant jouer un rôle pivot dans la stabilisation du sud, devient une cible indirecte de cette guerre de l’ombre.

Ankara, elle, n’est pas du genre à regarder les bras croisés. Le sud syrien, c’est la zone tampon de la sécurité turque. Laisser ce territoire devenir un ring de combats par procuration ? Inimaginable. La Turquie le dit haut et fort : elle défend l’unité syrienne, rejette toute tutelle étrangère sur le processus politique, et si on la pousse dans ses retranchements, elle agira. Comme puissance régionale, comme garant de la stabilité, comme défenseur de ses intérêts vitaux.

Depuis début avril 2025, Israël a enclenché la vitesse supérieure. Une opération d’une intensité inédite, avec des frappes aériennes coordonnées qui ont frappé fort et loin : du sud syrien jusqu’aux portes d’Alep. Mais le plus saisissant, c’est pas seulement la violence des bombardements. C’est leur durée : trois jours entiers — 72 heures non-stop — durant lesquels les F-35i « Adir », les avions de guerre électronique « Shavit » et les drones Hermes 900 ont littéralement occupé le ciel syrien.

Du jamais vu. Même lors des opérations les plus musclées, Tsahal ne restait pas en l’air plus de 6 à 12 heures d’affilée. Là, on parle d’un véritable siège aérien, notamment au-dessus de Suwayda, Deraa et jusqu’au-dessus de Damas.

Mais ce qui choque, c’est que les frappes les plus destructrices ne se sont pas abattues sur le Sud — comme on aurait pu s’y attendre — mais bien sur le Nord : régions de Hama et Alep, zones clefs du redéploiement militaire turc.

Dans le viseur israélien : deux mastodontes de l’orbite turque.
D’abord, la Division du Sultan Mourad, bras armé historique d’Ankara, vétéran des opérations « Bouclier de l’Euphrate » et « Rameau d’Olivier ».
Ensuite, la Brigade Suleyman Shah, directement connectée au MIT turc (les services secrets) et à son homme-clé, Tahir Shammar.

Ces groupes avaient signé en mars un accord d’intégration avec le Gouvernement intérimaire syrien — soutenu par Doha et Ankara — pour fonder une armée syrienne unifiée. Objectif : créer une structure militaire centralisée de 18 000 combattants issus de l’opposition, dont une bonne partie entraînée et équipée par la Turquie.

Mais voilà : pour Tel-Aviv, cette intégration est une ligne rouge.

Les frappes israéliennes ne relèvent pas de l’instinct, mais d’une stratégie froide, chirurgicale, avec une seule finalité : torpiller l’unification des forces pro-turques. Pourquoi ? Parce que ce processus, pour Israël, est doublement toxique.

Un : il légitime l’influence militaire et diplomatique de la Turquie en Syrie. Deux : il ouvre la voie à un scénario où Damas, dos au mur, accepterait une forme de fédéralisme implicite, avec les Turcs comme faiseurs de rois dans le nord — voire au-delà.

Et c’est là que le bât blesse : si Ankara réussit à projeter ses proxys vers le sud, en se couvrant d’un faux vernis « anti-iranien », Tel-Aviv craint un encerclement stratégique — notamment sur le front ultra-sensible du Golan.

La carte druze : Israël joue un jeu risqué

Alors, pour parer à ça, Israël active son plan B : miser sur les Druzes pour créer une ceinture tampon. Officiellement, c’est « pour les protéger ». En réalité, c’est pour empêcher toute incursion des forces sunnites pro-Ankara dans le Sud.

Tel-Aviv ne veut pas voir les brigades de l’Armée Nationale Syrienne (SNA), formatée par Ankara, déborder vers Suwayda ou Deraa. Et donc, discrètement mais fermement, l’armée israélienne et ses services s’emploient à verrouiller la zone.

La Turquie, ennemie stratégique de long terme

C’est pas nouveau : pour Israël, la Turquie n’est plus un partenaire ambivalent, c’est une menace structurelle.
Ankara pousse son agenda néo-ottoman, et ses tentacules armés dans le nord syrien en sont la preuve vivante.

D’après l’Institute for the Study of War, la Turquie exerce un contrôle ou une influence sur au moins 12 brigades majeures intégrées à la SNA, et tient plus de 50 localités en Syrie. C’est le scénario cauchemar pour Tel-Aviv : une proto-structure étatique pro-turque qui, demain, pourrait se tourner vers Damas avec des prétentions politiques.

Les analystes israéliens, notamment au centre Begin-Sadat, tirent la sonnette d’alarme : si la Turquie étend son emprise jusqu’au Sud — même indirectement — c’est tout l’équilibre sur le Golan qui est menacé. Inacceptable. Impensable.

En clair ? La guerre entre Israël et la Turquie pour le contrôle du sud syrien est bien réelle. Invisible, certes. Mais bien réelle.

C’est une guerre sans déclaration, sans fanfare, mais avec des drones, des frappes ciblées, et un jeu d’échecs diplomatique où chaque mouvement compte. Tel-Aviv avance ses pièces. Ankara aussi. Et au milieu, les Syriens... toujours otages de stratégies qui les dépassent.

Depuis que Bachar el-Assad a quitté la scène, remplacé par Ahmad ash-Sharaa à la tête d’un Damas fatigué et isolé, Israël a vu rouge. Pour Tel-Aviv, ce nouveau pouvoir n’est qu’une pâle copie du précédent, une marionnette aux mains de l’Iran et du Hezbollah. Et même si la guerre n’est pas officiellement déclarée entre les deux pays, sur le terrain, c’est déjà une partie d’échecs où l’on abat des pièces à coup de missiles.

Israël n’a pas attendu pour frapper. Rien que sur le premier trimestre 2025, Tsahal a mené plus de 25 frappes aériennes, majoritairement autour de Damas, Homs et Suwayda. Les cibles ? Pas des moindres : dépôts d’armes, centres de commandement, convois. Ce n’est pas seulement l’Iran qu’on vise, mais aussi les bataillons chiites irakiens et libanais, parfois même des positions de l’armée syrienne elle-même.
Pourquoi ? Parce qu’à Jérusalem, on ne croit pas à la thèse d’un Damas indépendant. Ce qu’on voit, c’est un régime qui ouvre grand ses portes à Téhéran, et ça, c’est une ligne rouge.

Ash-Sharaa : l’allié de l’ombre devenu cible

Le nouveau président syrien, Ahmad ash-Sharaa, s’est positionné dès sa prise de pouvoir comme l’héritier d’une ligne dure, fermement pro-iranienne. Pour Israël, ce n’est rien d’autre qu’un cheval de Troie. Pas question de le laisser transformer le sud de la Syrie en glacis chiite.

Tel-Aviv mise donc sur un autre pari : le Conseil de transition.
L’idée ? Imposer un nouveau cadre politique qui marginalise Damas et donne le pouvoir aux élites locales plus "fréquentables". L’homme de la situation, c’est le cheikh Hikmat al-Hijri, chef spirituel druze. Longtemps neutre, il a changé de ton au printemps 2025, après une vague d’agressions contre sa communauté. Ses mots sont tranchants : il accuse le régime de Damas de mener une politique de "génocide" contre les Druzes, et il appelle à une intervention internationale.

Evacué par hélico, soutenu par l’étranger

Selon certaines sources bien informées, Israël aurait carrément envoyé un hélico pour l’exfiltrer de Suwayda, lorsqu’il était en danger. C’est pas seulement un acte militaire. C’est un message politique : Tel-Aviv reconnaît Al-Hijri comme une figure légitime pour incarner l’avenir du sud syrien. Un futur sans ash-Sharaa. Sans l’Iran. Et sans les Turcs.

Double objectif stratégique pour Israël

C’est clair comme de l’eau de roche :
– un, empêcher la Turquie de planter son drapeau dans une Syrie post-conflit,
– deux, couper l’herbe sous le pied d’un régime qui pourrait devenir un proxy chiite aux portes du Golan.

Tout s’imbrique : soutien aux Druzes, frappes ciblées sur les infrastructures iraniennes, lobbying discret mais efficace à Washington et Bruxelles. L’objectif final ? Transformer le sud syrien en une zone tampon fragmentée, morcelée, tenue par des notables locaux sous perfusion étrangère — donc incapables de former un quelconque front hostile à Israël.

Fracture chez les Druzes : entre collaboration et rébellion

Mais attention : la communauté druze est loin d’être homogène. À Suwayda, c’est la zizanie.
D’un côté, le cheikh al-Hijri, désormais porte-voix d’un rejet radical de Damas, plaide pour une internationalisation du conflit. En février, il était à Washington pour défendre un plan d’insurrection contre ash-Sharaa.
De l’autre, Laïs al-Balous, fils du chef milicien assassiné en 2015, incarne une ligne opposée. Lui, veut rester dans le giron de l’État syrien. Il prône l’intégration, le compromis, la sécurité à travers les institutions. Son groupe, « Les Hommes de la dignité », a même signé un accord avec le ministère de l’Intérieur syrien pour rétablir l’ordre à Suwayda.

Deux visions, une communauté au bord de l’éclatement

Ce duel entre Hijri et Balous reflète une réalité plus large :
– une partie des Druzes veut l’autonomie, voire une protection internationale,
– l’autre s’accroche à l’État central, dans l’espoir de survivre politiquement.

Le hic ? Cette division interne rend la communauté ultra-vulnérable aux manipulations extérieures. Chacun veut en faire un pion. Israël tire les ficelles au nord. La Turquie tente de s’immiscer à l’est. Et dans le dos, Téhéran, silencieux mais tenace, n’a pas dit son dernier mot.

Qui tire les marrons du feu ?

Dans ce bourbier géopolitique, les gagnants sont ceux qui savent jouer sur tous les tableaux.

Les gagnants :
Israël, s’il réussit à désintégrer les forces pro-turques et à faire basculer les Druzes dans son camp, sécurise son flanc sud, renforce son emprise sur le Golan, et relègue Ankara au second rôle. Jackpot.
Les États-Unis, qui voient une occasion en or de revenir dans le jeu syrien, sans dépendre d’Erdogan ni froisser l’Iran frontalement. Une base d’appui discrète, druze et « modérée », c’est un rêve pour la CIA.
Les élites locales, qui surfent sur le chaos pour monnayer leur loyauté au plus offrant. Ceux qui savent négocier tôt avec le bon acteur étranger auront leur place au banquet du lendemain.

Les perdants :
La Turquie, qui voit son influence grignotée et ses proxys bombardés. Chaque perte à Suwayda ou Deraa, c’est une écharde en plus dans la botte d’Ankara. Et ça détourne les moyens turcs des autres priorités : Idlib, Tel Rifaat, voire le Kurdistan irakien.
Le régime ash-Sharaa, qui perd pied dans le Sud, perd la confiance des Druzes, et se retrouve plus isolé que jamais.
Les Druzes eux-mêmes, pris en étau, devenus objets de convoitise et d’instrumentalisation. Leur voix se fracture, leur unité s’effrite, leur avenir devient flou.

Le Sud syrien est devenu une sorte de laboratoire géopolitique. Ceux qui dictent l’agenda prennent l’avantage. Ceux qui subissent le rythme le payent au prix fort. Et ceux qui hésitent... sont condamnés à être balayés.

Scénario 1 : L’escalade à ciel ouvert — Israël tape fort sur les alliés d’Ankara

On y est : Tel-Aviv a décidé d’assumer le choc frontal. Fini les frappes ponctuelles, place à une campagne militaire prolongée, méthodique, calibrée. Le prétexte ? La protection des Druzes. L’objectif réel ? Saborder l’influence turque dans le centre et le nord de la Syrie. Et les faits sont là.

Ce qui se passe sur le terrain :
– Les frappes israéliennes contre la division du Sultan Mourad et la brigade Suleyman Shah ont visé des camps en pleine phase d’intégration à l’appareil militaire du gouvernement syrien intérimaire soutenu par Ankara.
– Tsahal a mobilisé des drones d’attaque, des avions de brouillage, et systématiquement neutralisé les défenses antiaériennes syriennes : un mode opératoire qui trahit une stratégie de long terme.
– Le renseignement israélien muscle sa présence sur les hauteurs du Golan et dans la région de Suwayda. On parle ici de capteurs fixes, vols de reconnaissance quotidiens et logistique prépositionnée.

Les risques de ce scénario :
– Ankara pourrait répondre du tac au tac en renforçant ses troupes à Idlib et Alep, ce qui a déjà partiellement commencé.
– Le risque d’un accrochage aérien entre chasseurs israéliens et turcs devient plus que probable.
– On frôle le déclenchement d’une "guerre non désirée", avec une configuration explosive : un membre de l’OTAN (Turquie) contre un allié majeur des États-Unis (Israël), sur fond d’enchevêtrement avec la Russie et l’Iran.

Verdict stratégique :
Probabilité élevée (~70%). C’est la ligne dure d’Israël. Offensive, unilatérale, sans illusions diplomatiques. Une pression militaire assumée pour remodeler l’échiquier.

Scénario 2 : Redémarrage du conflit syrien par la "carte druze" — le pari politique d’Israël et de Washington

Sous les radars, une opération politique bien ficelée se dessine : faire émerger un nouveau centre de pouvoir à Damas, fondé sur une coalition "druze modérée" et adoubée par l’Occident. En tête de gondole : le cheikh Hikmat al-Hijri, évacué par hélicoptère israélien, reçu à Washington, et déjà érigé en figure de transition dans les cercles atlantistes.

Les signaux faibles qui ne trompent pas :
– Son voyage à Washington en février 2025, où il a présenté un plan pour faire tomber ash-Sharaa.
– Son exfiltration depuis la Syrie, dont parlent des sources israéliennes avec des trémolos dans la voix : on le prépare, à mots couverts, à incarner un « printemps druze ».
– Des fuites dans la presse israélienne et américaine, évoquant des scénarios de transition "soft" avec Suwayda comme prototype.

Comment ça pourrait se jouer :
Émeutes coordonnées dans le sud, habillées en mouvement "spontané" de gouvernance locale.
– Une grosse campagne de com’, accusant le régime d’ash-Sharaa de "génocide" contre les Druzes — cette rhétorique a déjà commencé à infuser.
Pressions diplomatiques via l’ONU, Amnesty, HRW, Croix-Rouge : créer une dynamique de "protection humanitaire" pour justifier un changement politique.

Mais attention, terrain miné :
– Le scénario est explosif : il risque de fracturer la communauté druze entre fidèles à Damas et partisans d’Al-Hijri.
– On pourrait basculer dans une guerre civile intra-druze, où les armes remplaceraient les sermons.
– La réaction de Moscou et de Téhéran serait implacable : pour eux, toute tentative de transition imposée est une attaque directe sur un allié régional clé.

Verdict stratégique :
Probabilité moyenne (~40%), mais haute valeur symbolique. Si le pari réussit, c’est une reconfiguration du Sud syrien sans passer par Damas, avec une nouvelle élite locale pro-occidentale. Si ça foire, c’est l’embrasement garanti.

Le sud de la Syrie est en train de devenir le nouveau centre de gravité du conflit régional.
Deux chemins s’ouvrent :
L’escalade militaire, brutale, risquée, mais immédiatement efficace pour Israël.
L’ingénierie politique, plus subtile, mais aussi plus périlleuse et aléatoire.

Dans tous les cas, ce qui se joue, ce n’est plus seulement l’avenir de la Syrie.
C’est celui de l’équilibre turco-israélien, de la projection iranienne, et de la capacité américaine à remodeler un conflit vieux de plus de dix ans sans se salir les mains.

Trois scénarios pour le Sud syrien : diplomatie ou chaos ?
Par un éditorialiste français, entre flair géopolitique et clairvoyance stratégique

Scénario 3 : Le repli diplomatique — un deal multilatéral piloté par Bakou, Moscou et l’ONU

Dans un contexte où la moindre étincelle peut virer à l’incendie régional, un troisième chemin semble émerger : la désescalade par la négociation. Un scénario moins clinquant, moins spectaculaire, mais peut-être le seul capable d’éviter l’embrasement total.

En substance :
Sous la pression conjuguée de l’Iran, de la Russie, de la Turquie... et même de certains cercles américains inquiets de la dérive israélienne, une initiative diplomatique pourrait voir le jour. L’idée ? Installer un processus à plusieurs voix, avec Bakou comme médiateur pivot. Le but serait de fixer trois lignes rouges :

– Limiter les frappes israéliennes, en particulier sur les zones sensibles proches de Suwayda et Alep.
– Réaffirmer l’unité territoriale de la Syrie, même si de façon symbolique.
– Encadrer l’influence turque par un dispositif de surveillance international (ONU ou groupe ad hoc).

Pourquoi l’Azerbaïdjan ?

Parce que Bakou est aujourd’hui le seul acteur régional à parler avec tout le monde sans se brûler les ailes.
– En février 2025, il a déjà joué les bons offices entre Israël et la Turquie.
– Il entretient des relations solides avec l’Iran, des liens stratégiques avec Israël, et un partenariat fraternel avec Ankara.
– Depuis la fin du conflit du Karabakh, Bakou s’est imposé comme un faiseur de paix pragmatique, qui comprend les lignes de faille régionales sans les exploiter cyniquement.

Indices d’un possible basculement diplomatique :
– Des communiqués conjoints des ministères des Affaires étrangères turc et azerbaïdjanais, appelant à la "désescalade régionale".
– La tenue de réunions confidentielles à Istanbul et Téhéran, avec la participation de diplomates russes.
– Une discrète réflexion sur un "statut d’autonomie druze" dans une Syrie unifiée, sans démantèlement de l’État.

Les obstacles ne manquent pas :
– Israël pourrait voir dans cette initiative un carcan imposé à sa liberté d’action stratégique.
– Washington, malgré son silence sur les frappes israéliennes, ne bénira pas un format incluant Téhéran.
– Ankara pourrait exiger une compensation militaire ou politique pour ne pas perdre la face, ce qui compliquerait encore les négociations.

Évaluation de probabilité :
Faible, mais croissante (~25%). Ce scénario ne se concrétisera que si les autres échouent : soit une confrontation directe Israël-Turquie, soit l’effondrement du pari druze.

Le Sud syrien : terrain-test d’un ordre régional à réinventer

Ce qui se joue ici dépasse de loin les collines de Suwayda ou les plaines de Deraa. C’est une bataille pour le modèle géopolitique du Levant :
– Un monde unipolaire, où un acteur impose ses vues au mépris des équilibres ?
– Ou une architecture inclusive, où la diplomatie prévient le chaos ?

Si Israël poursuit sur la voie de la confrontation unilatérale, s’il continue à frapper les groupes pro-Ankara sans frein, et si Washington persiste dans son silence assourdissant, le message est clair : le Levant redevient un champ de ruines, géré par la loi du plus fort.

Mais la Turquie n’est pas dupe. Elle ne cherche pas le conflit, mais elle ne tolérera pas d’être contournée. Elle ne vise pas l’hégémonie, mais elle ne laissera pas le terrain à ceux qui utilisent des slogans humanitaires pour dynamiter les équilibres locaux.

La balle est donc dans le camp des puissances régionales. Si Bakou, Moscou, Ankara, Riyad trouvent un langage commun — non pas pour sauver le régime syrien, mais pour sauver la région d’un effondrement contrôlé, alors un recul est possible. Pas une paix, non. Mais un sursis.

Un pas en arrière avant le précipice.