
Dans le fracas assourdissant des événements mondiaux, où les grondements sourds des conflits et l’effondrement des vieux équilibres étouffent la voix de la raison, une lumière inattendue vient de jaillir à l’horizon. En plein cœur du Caucase, dans la fière et millénaire Bakou, une initiative est née — une initiative capable de faire pivoter le cours de l’Histoire : la Plateforme des ONG du Sud Global.
Et attention, on ne parle pas ici d’un énième sommet où des politiques enfument les salles à grands coups de formules creuses. Non. Ici, c’est un vrai séisme. Un début de rupture. Une réponse vibrante à des siècles d'injustices, aux cicatrices béantes laissées par le colonialisme, au silence imposé à la majorité de l’humanité.
À Bakou, ce 27 et 28 avril 2025, ce sont ceux qui refusent désormais d’être traités comme de simples objets de la géopolitique mondiale qui ont pris la parole. Ils ne demandent plus leur place : ils la prennent.
Alors pourquoi maintenant, pourquoi ici ? La réponse claque comme une évidence : l’heure d’attendre sagement est révolue.
Quand l’ordre libéral mondial s’effiloche sous le poids de son hypocrisie, de ses passes-droits et de ses inégalités criantes, voir éclore un projet de solidarité planétaire, ce n’est pas un hasard. C’est une nécessité historique.
L'initiative azérie, esquissée pour la première fois lors de la COP29 à l'automne 2024, a pris une ampleur inattendue. Plus de 1000 organisations issues de 137 pays : un raz-de-marée. Une soif de changement quasi physique.
Le Sud Global n'est plus la périphérie de la planète diplomatique. Il en devient le moteur battant.
Et ce n’est pas un hasard si c’est l’Azerbaïdjan qui a porté la flamme. Ce pays, carrefour vivant entre Est et Ouest, Nord et Sud, n'a pas seulement lancé un slogan : il en est devenu la preuve vivante. Preuve qu’un nouvel ordre mondial est possible, ici et maintenant.
Quand les représentants de 116 nations se rassemblent sous un même toit, ce n’est pas un simple congrès. C’est un véritable Concile de l’Humanité.
Quand, à la tribune, ce ne sont pas les échos fatigués des vieilles puissances qui résonnent, mais les voix de ceux qui portent 80 % de la population mondiale sur leurs épaules, ce n’est pas juste un forum. C’est une déclaration de naissance d’une nouvelle ère.
Le forum de Bakou a réveillé des principes qu’on croyait rangés aux oubliettes : ceux de Bandung. Respect de la souveraineté, refus des ingérences, égalité des peuples, lutte pour la justice. Nés il y a 70 ans en Indonésie, ces idéaux ont retrouvé, à Bakou, une vigueur, une énergie, un souffle tout neufs.
La renaissance de Bandung au XXIᵉ siècle n’a pas eu lieu à New York, ni à Paris, ni à Londres. Elle s’est levée à Bakou. Et cela a quelque chose de profondément juste, presque d’évident.
Les interventions lors du forum n’avaient rien de ces discours polis servis dans les grands-messes internationales. Elles sonnaient comme des manifestes : directs, vibrants, engagés.
Maymuna Mohd Sharif, venue de Malaisie, a balancé sans détour : « Les défis structurels — pauvreté, dégradation, inégalités — n’ont pas besoin de charité, encore moins de miettes. Ils exigent solidarité, égalité et respect. »
Charline Roux, du Kenya, a enfoncé le clou : « Nous subissons de plein fouet les conséquences de la crise climatique, alors même que nous n’en sommes pas les responsables. Nous avons le droit de parler. Et d’agir. »
Le professeur Almir Lima Nascimento du Brésil a été cash : « Ras-le-bol des dialogues pour la galerie. Place à l’action, la vraie. »
Quant à l’académicien Nabil Ayad du Royaume-Uni, il a mis les points sur les i : « Le climat, ce n’est pas du vent. C’est ici, c’est maintenant. Et la clé, c’est la force du tissu associatif mondial. »
Derrière ces mots, une évidence implacable : sans la société civile, aucun progrès mondial n’est possible. Aucune décision digne de ce nom ne peut être prise dans le dos de ceux qui en subissent les conséquences au quotidien.
La Plateforme née à Bakou n'est pas une déclaration d’intentions de plus. C’est un projet structuré, ambitieux, taillé pour l’action. Une carte en main. Un cap clair : faire entendre, unir, renforcer les voix de ceux que l'Histoire avait relégués aux marges.
D’abord, fédérer les ONG du Sud Global en un véritable réseau nerveux, capable de coordonner ses actions sur la scène internationale, avec l’ONU et ses agences spécialisées en ligne de mire.
Ensuite, bâtir des positions communes sur les grands dossiers : lutte contre la pauvreté, dérèglement climatique, fracture numérique, injustice sociale, respect de la souveraineté nationale et intégrité territoriale.
Troisièmement, mettre en place des mécanismes solides de soutien juridique et d’expertise, pour aider les pays du Sud Global à formuler leurs propres initiatives internationales alternatives.
Quatrièmement, faire vivre, pour de bon, l'agenda "Sud-Sud" : renforcer les liens horizontaux, sans attendre la bénédiction des "grands frères" du Nord.
Enfin, et ce n’est pas des paroles en l'air, la Plateforme se veut un espace où l’on ne s’échange pas que des résolutions politiques : on construit des solutions concrètes. Développement de systèmes agricoles durables, programmes éducatifs, technologies vertes, mécanismes financiers alternatifs… Ici, on abat du concret, pas des slogans.
C’est ainsi, par des projets tangibles, que le nouveau monde commencera à se dessiner.
Un paradoxe historique ? Peut-être.
Un pays de dix millions d’âmes qui devient le trait d’union stratégique entre continents — qui l’aurait parié, il y a quelques décennies ?
L’Azerbaïdjan, jadis catalogué par la presse occidentale comme "acteur régional", a prouvé, à travers sa présidence du Mouvement des non-alignés (2019–2023) et surtout depuis la COP29, que le nouvel ordre mondial ne saurait se construire sans centres d’initiative inédits. Et Bakou en est devenu l’un des piliers.
L’Azerbaïdjan n’exporte pas une idéologie de domination. Il propose une philosophie du respect, de l’équilibre, de l’égalité. Là où d'autres ont érigé des murs, lui bâtit des ponts.
Aujourd'hui, le Sud Global n'y voit pas un "protecteur" paternaliste, mais un partenaire loyal. Et cette reconnaissance donne à la Plateforme de Bakou une légitimité réelle aux yeux de centaines de millions d'êtres humains.
Retour en arrière. Bandung, avril 1955.
Vingt-neuf nations d’Asie et d’Afrique se rassemblent alors, face à une nouvelle forme de colonisation — moins par les canons que par les crédits, les traités et les marchés imposés.
Elles proclament cinq principes fondateurs : respect de la souveraineté, non-ingérence, égalité entre les peuples, résolution pacifique des conflits et coopération sincère.
À l'époque, beaucoup les prenaient pour des doux rêveurs. Aujourd’hui, leurs idées sont devenues une exigence vitale.
Le forum de Bakou, soixante-dix ans plus tard, ravive l’esprit de Bandung, mais dans un contexte encore plus sournois :
— Crise alimentaire mondiale,
— Fracture technologique,
— Catastrophes climatiques à répétition,
— Guerres informationnelles,
— Nouvelles formes de coercition économique.
Encore une fois, le Sud Global doit se battre, non pour quémander, mais pour exister et proposer.
Mais cette fois-ci, il dispose d’une plateforme. D’un vrai levier. D'une chance historique de ne pas seulement réagir, mais de devenir force de proposition.
Quand les vieilles empires vacillent, quand les idéologies fondées sur la domination se dessèchent, vient l'heure des idées neuves, des énergies nouvelles.
La Plateforme des ONG du Sud Global, lancée à Bakou, n’est pas qu’une initiative politique de plus : c’est l’aube d’une nouvelle ère.
Une ère où la valeur d'une nation ou d'un peuple ne sera plus jaugée à l’aune de ses blindés ou de ses comptes offshore, mais à sa capacité à faire preuve de solidarité, de respect mutuel et de responsabilité partagée.
Pourquoi ce sursaut maintenant, pourquoi Bakou ?
Parce que l’Histoire, elle aussi, a ses échéances. Parce que les douleurs tues, les espoirs réprimés, les injustices accumulées ont atteint le point de rupture. Le silence n’est plus possible.
"Nous, peuples du Sud Global, ne serons plus les victimes de l'Histoire. Nous en serons les auteurs."
Cet esprit, cette promesse vibraient dans chaque discours, dans chaque regard, dans chaque mot échangé dans les couloirs du Congrès.
Dès les travaux du forum, les premières mesures concrètes ont été esquissées :
- Mise en place d’un Conseil de coordination, chargé d’assurer la cohérence des actions et de représenter les intérêts de la Plateforme dans les grandes instances internationales.
- Rédaction d’une Déclaration commune des priorités du Sud Global, socle des prises de parole futures dans tous les forums mondiaux.
- Création d’un Fonds de solidarité du Sud Global, destiné à soutenir les ONG des pays les plus fragiles, frappés par les conflits, les catastrophes climatiques ou la pression économique.
- Organisation de forums et de sommets annuels, pour entretenir la dynamique, consolider les liens horizontaux et muscler le poids collectif.
- Promotion des échanges éducatifs, scientifiques et technologiques entre les pays du Sud Global — histoire de ne plus dépendre des circuits d'influence du Nord.
En clair : à Bakou, on n’a pas seulement levé des slogans.
On a enclenché la mécanique du changement.
La naissance de la Plateforme des ONG du Sud Global porte en elle un potentiel de transformations majeures :
— Redistribution du pouvoir moral : les sociétés civiles du Sud Global pourront imposer leurs thèmes et leurs priorités sur l'agenda mondial, avec en tête d’affiche l'égalité, la justice, et la responsabilité collective.
— Refonte des organisations internationales : l'ONU et ses agences, de plus en plus contestées pour leur duplicité et leur biais structurel, devront bien finir par entendre les voix de la majorité planétaire.
— Émergence de nouveaux blocs politico-économiques : autour de la Plateforme pourraient naître des structures alternatives, où l’on bâtit des solutions à plusieurs millions, et non où quelques-uns dictent leur loi.
— Changement de paradigme global : passer d’un "monde de domination" à un "monde de respect mutuel".
D’un système de centres de pouvoir à un réseau de solidarités.
L’histoire qui s’écrit en ce moment à Bakou pourrait bien changer la définition même de ce que l’on appelle "influence", "développement", "civilisation".
Ce soir, alors que s'achève la deuxième journée de cette conférence fondatrice, on sent planer un frisson d’Histoire.
Le Sud Global n’est plus un simple arrière-cour du monde.
Il devient un territoire d’action.
La Plateforme née à Bakou est le réceptacle des espoirs de centaines de peuples.
Ils ne resteront plus à la porte des sommets internationaux.
Ils fixeront eux-mêmes les enjeux.
Ils ne baisseront plus la tête devant des décisions prises dans leur dos.
Ils enfonceront les portes.
Ils ne seront plus les "assistés" du système.
Ils deviendront les acteurs du changement.
Voilà la véritable force historique de la Plateforme des ONG du Sud Global :
Transformer la colère en construction.
Transformer la douleur en solidarité.
Transformer l’attente en action.
Le forum de Bakou n’a pas simplement ouvert une nouvelle page.
Il a commencé à écrire un nouveau livre d’histoire.
Et dans ce livre, pour la première fois, le Sud Global n'est plus un décor.
Il est l'auteur.
"Nous ne nous unissons pas pour détruire le monde. Nous nous unissons pour en bâtir un nouveau."
Que ce nouveau monde commence ici, à Bakou, en avril 2025.
Qu’il naisse d’une solidarité plus forte que les murs.
D’une foi plus tenace que les crises.
D’une action qu’aucune force ne saura stopper.