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Ce n'était pas juste un vote. C'était un coup de gong, sourd et retentissant, qui a résonné dans toute l’Europe. Le Bundestag, comme s'il se réveillait après des années d'illusions de paix et de stabilité, a levé la main pour ce qui, il n'y a pas si longtemps, aurait semblé impensable : une augmentation massive des dépenses militaires. Ce geste n'était pas simplement un acte de planification budgétaire, mais une déclaration d'entrée dans une nouvelle ère. Une époque où la peur frappe de nouveau aux portes des capitales européennes, et où le vieux mécanisme des alliances d'antan grince désormais sous le poids de l’incertitude.

La décision de l’Allemagne d’accroître son budget de défense n’est pas juste une affaire de chiffres alignés sur des tableaux Excel. C’est le symbole d’une transformation angoissante : celle d’un continent qui, après s’être longtemps caché derrière le parapluie protecteur des États-Unis, réalise soudain que ce parapluie risque de se refermer brutalement. Comme quelqu’un se retrouvant seul dans une ruelle sombre en pleine nuit, l’Allemagne et ses voisins comprennent désormais avec effroi que Washington n’est plus prêt à jouer les gardiens de leur sécurité.

Tout a commencé lors de la conférence de Munich sur la sécurité. C’est là que Donald Trump, avec sa franchise brutale bien connue, a lancé un reproche glacial aux Européens : « Nous ne protégerons pas ceux qui ne sont pas prêts à payer pour leur propre sécurité. » Ces mots ont frappé l’Europe comme un coup de tonnerre. Pendant des années, les dirigeants occidentaux avaient vécu confortablement dans l’illusion que les États-Unis seraient toujours là — leur garant, leur bouclier, leur protecteur silencieux. Mais puis est venu Trump — imprévisible, provocateur, ingérable — et cette illusion s’est effondrée comme un château de cartes.

Le choc a été encore plus violent après le scandale qui a éclaté lorsque ce même Trump a menacé sans détour Volodymyr Zelensky de couper l’aide américaine à l’Ukraine si Kiev ne « jouait pas le jeu » de ses intérêts politiques. Ce moment a marqué un point de non-retour pour l’Europe. Pour la première fois depuis des décennies, il est devenu évident que l'Amérique ne considère plus l'Europe comme ce petit frère qu’il faut protéger coûte que coûte. L’Europe doit désormais se défendre elle-même.

Dans ce contexte, l’Allemagne s’est retrouvée au centre de toutes les attentions. Son économie est la plus puissante d’Europe, son budget est le pilier de la sécurité collective de l’UE. L’année dernière, Berlin avait déjà augmenté ses dépenses militaires de 23,2%, portant ainsi à bout de bras la hausse globale des budgets militaires européens de 11,7%. Mais désormais, cela ne suffit plus. La décision prise au Bundestag est un signal clair : le temps de la diplomatie prudente laisse place à la logique de la force brute et de la démonstration de puissance.

Aujourd’hui, l’Europe est au seuil d’une nouvelle époque — une époque où la tranquillité ne s’achètera plus qu’au prix de chars, de missiles et de régiments prêts au combat. Le Bundestag n’a pas simplement validé une augmentation des dépenses militaires — il a reconnu que l’ancien ordre mondial est mort. L’Europe, tel un voyageur sentant l’orage approcher, tend instinctivement la main vers son bouclier et son épée.

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a signé les amendements constitutionnels adoptés par le Parlement, permettant au futur gouvernement d'augmenter considérablement les emprunts publics pour financer la hausse des dépenses de défense et d'infrastructure. Cette décision est le fruit de longues négociations et de compromis politiques impliquant les principales forces politiques du pays.

Le 18 mars, le Bundestag a approuvé ces amendements, et le 21 mars, ils ont été adoptés par le Bundesrat — l'organe législatif allemand représentant les Länder fédéraux. Après la signature du président le 22 mars, le document sera publié dans le Bulletin fédéral de la législation, marquant ainsi son entrée officielle en vigueur.

L'objectif principal de ces amendements est d'assouplir ce que l'on appelle le "frein à l'endettement", qui limitait les possibilités pour l'État de contracter de nouveaux emprunts. En vertu des modifications adoptées, les dépenses pour la Bundeswehr, la défense civile, la protection de la population, les services de renseignement, la protection des technologies de l'information, ainsi que l'aide aux États victimes d'agressions en violation du droit international, pourront désormais être financées par des crédits.

Les nouvelles règles s'appliquent à toutes les dépenses dépassant 1 % du PIB, ce qui équivaut actuellement à environ 43 milliards d'euros. Ainsi, toute dépense excédant ce seuil ne sera pas soumise aux restrictions sur l’endettement. Cette mesure vise à accélérer la modernisation des forces armées allemandes face à la menace croissante que représente la Russie, ainsi qu'à soutenir des projets de politique étrangère tels que l'aide militaire à l'Ukraine. En particulier, 4 milliards d'euros sont prévus pour l'aide à Kiev en 2025, et cette somme pourrait encore augmenter de 3 milliards supplémentaires à l'avenir.

« L'Allemagne est confrontée à un défi majeur, probablement le plus grand de notre histoire en matière de sécurité, et nous ne pourrons pas y faire face seuls », a déclaré lors des débats le ministre de la Défense, Boris Pistorius, membre du Parti social-démocrate, qui devrait conserver son poste dans le prochain gouvernement. Il a exhorté les Européens à "grandir" et à apprendre à assumer la responsabilité de leur propre défense.

Selon lui, la principale menace pour la sécurité de l'Europe provient de la Russie : « Et même si la question d'un cessez-le-feu est actuellement discutée, l'issue de cette guerre (entre la Russie et l'Ukraine, ndlr) et le problème de la sécurité à long terme de l'Ukraine restent incertains ».

Boris Pistorius ne remet pas en cause le partenariat avec les États-Unis, mais, compte tenu de la politique de Donald Trump et du recentrage de Washington sur la région Asie-Pacifique, la responsabilité de l'Europe en matière de sécurité s'accroît, tout comme le fardeau financier qui l'accompagne. « Dans ce contexte, nous, les Allemands, devrons jouer un rôle central en Europe ; c’est ainsi que toutes les capitales européennes voient les choses », a ajouté le ministre.

En plus des dépenses de défense, les amendements prévoient d'importants investissements dans les infrastructures du pays. Conformément aux modifications de l'article 143h de la Loi fondamentale allemande, 500 milliards d'euros seront alloués à la modernisation des infrastructures au cours des douze prochaines années. Sur cette somme, 100 milliards d'euros sont destinés aux besoins des Länder, 300 milliards seront à la disposition du gouvernement fédéral et les 100 milliards restants financeront des projets liés à la protection du climat. Ces fonds viendront s’ajouter aux investissements déjà prévus dans les infrastructures, pour lesquels le budget fédéral 2024 prévoit au moins 47 milliards d’euros.

Les restrictions sur l’endettement des Länder sont également assouplies : ils seront désormais autorisés à contracter de nouvelles dettes à hauteur de 0,35 % du PIB. Ces fonds seront répartis conformément à une loi fédérale actuellement en cours d'élaboration. Toutefois, pour que cette loi entre en vigueur, les Länder devront apporter les modifications nécessaires à leurs propres législations. Cette procédure pourrait s’avérer complexe, car dans de nombreux parlements régionaux (Landtage), la majorité requise pour adopter ces changements fait défaut. L'une des options possibles serait d'introduire des amendements à la Constitution allemande qui annuleraient simultanément les lois en vigueur dans les Länder, mais cela pourrait être perçu comme une grave atteinte aux principes du fédéralisme.

Des experts économiques ont exprimé leur inquiétude quant aux conséquences financières de cette décision. Lars Feld, professeur à l’Institut Walter Eucken à Fribourg, a averti qu'en raison de l'augmentation des emprunts, la dette publique allemande pourrait passer de 62 % à 90 % du PIB au cours des dix prochaines années. Cela entraînerait à son tour des coûts supplémentaires importants pour le service de la dette, qui pourraient s'élever entre 250 et 400 milliards d'euros, en fonction des taux d'intérêt sur les obligations d'État. Déjà, les marchés internationaux des obligations expriment une inquiétude croissante face à l'augmentation de la dette allemande.

Veronika Grimm, professeure à l'Université technique de Nuremberg, a également fait part de ses préoccupations quant au fait qu’une telle stratégie pourrait déstabiliser l'économie européenne. Elle a souligné que la hausse des taux d'intérêt sur les obligations allemandes aurait inévitablement des répercussions sur les pays à forte dette, tels que l'Italie et l'Espagne, ce qui pourrait déclencher une grave crise dans la zone euro.

Les partisans de la nouvelle loi, notamment le leader de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) Friedrich Merz, insistent sur sa nécessité vitale. Selon lui, « tout ce qu’il faudra » sera investi pour assurer la capacité de défense du pays et la modernisation de ses infrastructures. Merz souligne que dans le contexte géopolitique actuel, l'Allemagne ne peut plus se permettre d'ignorer les questions de sécurité nationale et de stabilité économique.

L’adoption de ces amendements a été rendue possible grâce à la coopération entre le bloc conservateur CDU/CSU et le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD), qui tentent de former un nouveau gouvernement fédéral. Cependant, pour atteindre la majorité nécessaire à l’adoption de la loi, ces partis ont dû obtenir le soutien des Verts, qui, dans le futur, se retrouveront pourtant dans l’opposition. Malgré des divergences politiques, la coalition est parvenue à un compromis après de longues et difficiles négociations. Le comité budgétaire du Bundestag a recommandé au Parlement, le dimanche 16 mars, d'approuver ce projet de loi.

Ainsi, la loi signée par le président représente un changement majeur dans la politique financière de l'Allemagne. Les mesures adoptées visent à renforcer les capacités de défense du pays, à moderniser les infrastructures et à atteindre la neutralité climatique. Toutefois, ces démarches comportent des risques économiques importants, ce qui suscite des inquiétudes parmi les économistes et les experts financiers internationaux. Il est désormais évident que l'Allemagne entre dans une nouvelle phase de politique économique, marquée par le recours accru à l’endettement pour atteindre ses objectifs stratégiques.

Friedrich Merz, futur chancelier d’Allemagne, est confronté à une contrainte temporelle sévère. Le nouveau Parlement se réunira le 25 mars, et parmi les députés figurent de nombreux opposants à l’augmentation des dépenses militaires. Des voix critiques s'élèvent tant du côté du parti d’extrême droite « Alternative pour l'Allemagne » que des forces radicales de gauche. Pour que la décision soit adoptée, une majorité des deux tiers sera nécessaire, ce qui augmente les chances pour Merz d'obtenir l’approbation tant que l’actuel Parlement est encore en place.

L’Europe, pendant ce temps, tente encore de se remettre des déclarations de la nouvelle administration américaine. Lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, les délégués ont écouté avec stupéfaction les critiques du vice-président américain J.D. Vance, qui a vivement condamné la politique migratoire de l'Europe et son approche de la liberté d’expression. Quelques jours auparavant, le secrétaire à la Défense des États-Unis, Pete Hegseth, avait exhorté les pays de l’OTAN à ne plus considérer la protection américaine comme acquise.

Dans les cercles de défense européens, des scénarios pour l’avenir sont déjà en cours d'élaboration. On redoute qu'en cas de victoire de la Russie en Ukraine, Moscou puisse reconstituer ses forces armées et menacer les pays d’Europe de l’Est, y compris les États baltes. Cette perspective inquiète sérieusement les Européens, d’autant plus que les engagements américains en matière de sécurité deviennent de plus en plus incertains. Dans l’entourage de Donald Trump, certains vont même jusqu’à proposer le retrait des troupes américaines d’Europe ou une sortie complète de l’OTAN.

Après des années de réductions budgétaires, la plupart des pays européens sont désormais contraints d’augmenter d’urgence leurs dépenses militaires. L’armée britannique, par exemple, est aujourd’hui réduite à sa plus petite taille depuis les guerres napoléoniennes, et les experts avertissent qu’en cas de conflit de grande envergure, elle pourrait épuiser ses stocks de munitions en seulement deux semaines.

L'Allemagne a longtemps hésité à augmenter ses dépenses militaires, non seulement pour des raisons historiques liées à la Seconde Guerre mondiale, mais aussi en raison des conséquences de la crise financière mondiale de 2009.

Le vote au Bundestag s'inscrit dans un contexte plus large. Outre les dépenses militaires, il englobe également un plan de 500 milliards d’euros destiné aux projets d’infrastructures, notamment la réparation des routes et des ponts, ainsi que des mesures pour lutter contre le changement climatique. Un autre volet porte sur la modification des restrictions constitutionnelles concernant l’endettement public, ce qui pourrait, à terme, libérer des milliards d’euros pour renforcer les forces armées allemandes et soutenir les initiatives européennes en matière de défense. Ursula von der Leyen a récemment annoncé son intention de créer un fonds européen de défense baptisé « ReArm Europe », doté d’un budget de 800 milliards d’euros.

L’une des idées clés débattues à Berlin consiste à exclure du plafond constitutionnel sur la dette publique (actuellement fixé à 0,35 % du PIB) les dépenses militaires dépassant 1 % du PIB.

L’Europe est confrontée à un défi sécuritaire majeur. Si les États-Unis réduisent leurs engagements ou se désengagent complètement de la protection de l’Europe, le continent devra combler ce vide par ses propres moyens.

Selon l’Institut de Kiel, l’Europe consacre actuellement seulement 0,1 % de son potentiel économique à l’aide à l’Ukraine, tandis que les États-Unis y consacrent 0,15 %. Cela signifie que pour atteindre la parité, les Européens devront doubler leur contribution, soit 0,21 %.

Cependant, la question ne se limite pas à l’argent. Les États-Unis ont fourni à l’Ukraine une quantité importante d’armes, notamment les systèmes Patriot et HIMARS. Environ 86 % de l’artillerie à roquettes de l’Ukraine provient des États-Unis, de même que 82 % des munitions pour les obusiers. De plus, les États-Unis offrent à Kiev un soutien crucial en matière de renseignement grâce à leurs systèmes satellitaires. Si Washington décide d’interrompre ce flux de données, l’armée ukrainienne risque de perdre une source d’information vitale.

Si l’on met de côté l’arsenal nucléaire américain, l’écart entre les plus de 5000 ogives russes et l’arsenal combiné du Royaume-Uni et de la France (représentant moins d’un dixième de ce chiffre) devient flagrant. Pourtant, même cette quantité d’armes nucléaires devrait théoriquement suffire à dissuader la Russie.

En ce qui concerne les armes conventionnelles, l’OTAN aime rappeler que ses forces combinées surpassent largement celles de la Russie. Cependant, la guerre en Ukraine a démontré que la supériorité numérique joue un rôle déterminant. En dépit de lourdes pertes, l’armée russe, grâce à une mobilisation massive de son personnel, à l’usage intensif de drones, d’artillerie et de missiles, avance lentement mais sûrement.

Ce succès russe ne doit rien au hasard : Moscou a depuis longtemps orienté son économie vers une logique de guerre. Les usines russes ont été réorganisées pour produire des munitions en quantités colossales, et la nomination d’un économiste au poste de ministre de la Défense a permis de gérer efficacement ce processus. La Russie consacre environ 7 % de son PIB à la défense, tandis qu’environ 40 % de son budget public est dédié aux besoins militaires.

Pour l’Europe, le renforcement des capacités de défense devient une priorité absolue. Toutefois, l’exemple allemand montre que l’augmentation des dépenses militaires seule ne suffit pas. Pour protéger le continent, l’Europe a besoin non seulement d’argent, mais aussi de dirigeants solides, capables de naviguer dans un environnement géopolitique en perpétuelle mutation. C’est précisément dans le domaine de la réforme de la culture de sécurité que l’Europe pourrait aujourd’hui trouver son meilleur atout.

L’Europe se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, face à un choix déterminant qui définira son avenir pour les années à venir. Les illusions de sécurité, forgées au fil de décennies de diplomatie et d’accords de paix, sont en train de s’effondrer sous ses yeux. L’ancienne habitude de compter sur l’aide extérieure, de déléguer la responsabilité à ses alliés et de vivre dans le confort sous la protection d’autrui ne fonctionne plus.

L’Amérique, autrefois garante de la sécurité européenne, prend progressivement ses distances. Washington fait de plus en plus clairement comprendre que l’Europe doit désormais assumer seule la responsabilité de sa défense. L’époque où les États-Unis protégeaient inconditionnellement le continent sous leur « parapluie militaire » appartient désormais au passé. Aujourd’hui, la politique américaine montre de plus en plus une volonté de se recentrer sur ses problèmes intérieurs et sur la région Asie-Pacifique.

Face à cela, l’Europe est désorientée. Beaucoup de ses dirigeants semblent refuser d’admettre la réalité de cette nouvelle époque — une époque marquée par des choix difficiles, une mobilisation économique et une préparation militaire accrue. L’Allemagne a trop longtemps repoussé les réformes dans le domaine de la défense, espérant que la tempête l’épargnerait. La France, quant à elle, s’appuie sur sa gloire passée, oubliant qu’on ne construit pas une armée opérationnelle avec de simples souvenirs historiques. Quant au Royaume-Uni, ayant réduit son armée à son niveau le plus bas depuis les guerres napoléoniennes, il se retrouve aujourd’hui au bord de la pénurie de munitions.

Le Vieux Continent s’est trop longtemps complu dans le confort — débattre lors des sommets climatiques, se disputer sur les tarifs commerciaux et rédiger de nouvelles déclarations de paix. Mais le monde a changé. On ne peut plus compter sur des accords sur papier et des manœuvres diplomatiques lorsque l’on ne dispose pas d’une réelle force derrière soi. L’Europe doit reconnaître que sa sécurité repose désormais sur sa capacité à mobiliser rapidement ses ressources, à renforcer son industrie et à accroître son potentiel militaire.

L’Allemagne se trouve aujourd’hui au cœur de cette rupture historique. Le vote au Bundestag sur la levée des restrictions budgétaires en matière de défense n’est pas qu’une simple décision politique — c’est une question de survie. Aujourd’hui, l’Europe a besoin d’usines tournant à plein régime, de nouveaux systèmes d’armement capables de protéger ses villes et ses frontières.

L’Europe ne peut plus se permettre d’être faible. L’histoire l’a prouvé : la faiblesse attire toujours les menaces. Espérer qu’un sauveur surgira au « dernier moment » est une illusion dangereuse qui pourrait coûter très cher au continent.

Le Vieux Continent doit accepter que le monde a changé. L’Europe ne peut plus se permettre le luxe de vivre dans l’ombre de la puissance d’autrui. Elle doit se réveiller — et le faire avec détermination, sans hésitation.

Il est temps d’abandonner les illusions et les peurs. Soit l’Europe prend son avenir en main avec sérieux et lucidité, soit elle se retrouvera demain reléguée en marge de l’histoire — impuissante, déboussolée et vulnérable face aux défis du nouveau monde.